Olivier Dubois : « Le Toulouse Olympique reste fragile financièrement »
Treize Mondial a rencontré le nouveau président du Toulouse Olympique, Olivier Dubois. Sa prise de fonction, le budget du club, ses ambitions et la formation des joueurs français sont au menu.
Olivier, pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous parler de votre rapport au sport ?
Olivier Dubois, 43 ans, heureux papa et chef d’entreprise de plusieurs sociétés. J’aime créer, être au coeur et mener des projets à bien et cela fait maintenant six ans que je suis chef d’entreprise. Je suis footeux à la base, depuis que j’ai 5 ans. J’ai toujours joué au foot, d’abord à Brive d’où je suis originaire, puis autour de Toulouse où j’ai fait mes études ensuite. J’ai aussi été entraîneur de rugby à XV chez les jeunes pendant six ans et je dois arrêter là car j’aurai moins de temps et puis j’entraînais l’équipe de mon fils mais c’est le bon moment pour lui de prendre un peu son envol. Si j’ai entraîné, c’est d’abord parce que j’adore transmettre et que j’ai mes diplômes pour le faire.
Pouvez-vous nous raconter votre histoire avec le TO, de votre découverte du club jusqu’à en devenir président ?
Mon histoire avec le Toulouse Olympique a démarré il y a deux ans et demi. Le parrain de mon fils, Laurent Valette, qui est directeur du développement du territoire et de la sûreté à la Mairie de Bessières, m’a parlé du club juste avant qu’il monte en Super League. C’était avant la demi-finale de Championship 2021, il m’a poussé à devenir partenaire du club. L’idée était de devenir partenaire maillot et j’ai dit ok.
Et ensuite, j’ai commencé à me familiariser avec le rugby à XIII que je ne connaissais pas. J’ai commencé à apprendre les règles, à regarder des matchs de l’Élite à la NRL et puis surtout, j’ai commencé à découvrir ce monde que je ne connaissais pas. L’année de la Super League, j’ai conforté mon partenariat maillot. Et quand Bernard Sarrazain a fait part de son envie de céder le club, avec Rempart Mutuelle, on a commencé à s’intéresser de plus près au club. On a fait ça étape par étape et c’est un processus qui a mis un an et demi, le temps de discuter avec tout le monde.
Pour l’année 2023, Bernard Sarrazain était toujours en poste mais il m’a laissé commencer à m’impliquer dans le club et j’ai pu par exemple commencer à tisser un petit réseau de partenariat. J’ai aussi pu mettre certaines de mes idées en place et notamment donc inclure des jeunes joueurs du centre de formation à l’équipe première. Et ils ont pu acquérir de l’expérience en Championship et ont signé leur premier contrat professionnel. Je me suis de mon côté aperçu qu’on avait une petite base de formation. J’ai envie de montrer aux jeunes joueurs du centre de formation qu’ils auront leur chance de jouer en équipe première.
La prise de fonction s’est faite petit à petit et comme vous le savez, le club a eu des problèmes financiers cette année. Même si cela va mieux, le club reste fragile financièrement, ce qui nous oblige à travailler dans la prudence. On a déjà professionnalisé le club avec un conseil de surveillance qu’on est en train d’étoffer.
Le TO était proche de monter en Super League, est-ce que cela aurait changé quelque chose à votre nomination de président ? Est-ce que le club était prêt à jouer la Super League en 2024 ?
Cela n’aurait rien changé du tout que l’on accède à la Super League. J’avais dans tous les cas décidé d’aller au bout de ce projet.
Pour moi, cette défaite en finale, c’est un mal pour un bien. En début de saison 2023, on n’avait que 18 joueurs professionnels dans l’effectif, à quoi on a ajouté cinq jeunes du centre de formation. Tout le monde a été formidable cette saison avec une vraie unicité. On a vu qu’on avait un club très solide, avec une bonne note donnée par IMG (12,97), mais je pense que c’est bien de repartir en Championship. Il faut être honnête, le club n’aurait pas été prêt pour la Super League et je ne parle pas d’un point de vue purement sportif mais pour tout ce qui va avec justement et notamment sur l’aspect administratif.
Cette nouvelle année en Championship va nous solidifier encore plus et si l’année prochaine on doit y aller, on sera prêt et ce sera pour de bon.
Vous parlez d’un budget de 2-3 millions pour 2024, quels sont vos objectifs de développement de budget à moyen terme ? On sait que celui des Dragons Catalans en Super League est d’environ 13 millions.
Les Dragons Catalans sont en Super League depuis 17 ans. Au départ, ils ont eu la possibilité de travailler sereinement avec la certitude de rester en Super League avec le système de franchise. Ils ont eu le temps de travailler et développer ce budget.
On va mettre en place des choses pour pouvoir améliorer ce budget. Concrètement, je vais par exemple essayer de négocier à la baisse la prise en charge des déplacements des adversaires. Je vais aussi essayer d’amener un maximum de monde au stade et augmenter notre base de suiveurs. C’est ce qui nous permettra par exemple de développer ensuite le merchandising.
On doit aussi améliorer nos infrastructures car elles ne sont pas au niveau, j’ai mis au courant la ville à ce sujet. Un exemple, quand il pleut, vous faites de la musculation sous la pluie, parce qu’il pleut à l’intérieur. On est un club professionnel avec des infrastructures d’amateur. Un retour en Super League nous permettra aussi d’avoir des subventions plus importantes, des droits TV aussi et quand vous êtes retransmis, il y a les partenariats privés qui augmentent.
À quatre, cinq ans, j’aimerais qu’on ait notre propre stade. Ernest-Wallon, c’est magnifique et un stade reconnu de tout le monde. Mais nous, on est tout petit, on fait entre 3500 et 5000 spectateurs et remplir 22 000 places, c’est utopique. Donc 4000 personnes dans un stade aussi grand, ça fait vide, ça ne fait pas chaudron. Je trouve que pour la ville de Toulouse, avoir une enceinte entre 6000 et 8000 personnes, cela aurait du sens. Aujourd’hui, il y a le Stadium et Ernest-Wallon et après, il n’y a plus rien. Et cela ne me dérangerait pas de partager ce Stade avec d’autres équipes de la ville, bien au contraire, ça serait avec grand plaisir.
Le budget augmentera au fur et à mesure en tout cas mais mon premier objectif est d’assainir la situation financière du club pour repartir avec ce budget-là déjà.
La notation reçue par le TO est plutôt bonne, néanmoins qu’est-ce qu’il reste à améliorer ?
Il faut déjà bien dire que c’est une très bonne note, cela veut dire que le club a quand même bien travaillé sur les trois dernières années malgré des erreurs. Tout n’est pas à jeter. Les trois critères à améliorer sont la finance, c’est primordial, les infrastructures, primordial aussi, et les followers. On se doit d’avoir une communauté solide. Sur la campagne d’abonnement qu’on a lancé, ce sera gratuit pour les jeunes par exemple. Avec l’accord du Stade Toulousain, on va essayer de mettre en place des matchs et des petits tournois en lever de rideau pour que les jeunes puissent ensuite regarder le match gratuitement. J’ai envie de faire connaître le club car trop peu de monde sait qu’il existe, même à Toulouse. C’est dommage parce qu’à chaque fois que j’invite des gens, ils se régalent.
Combien de joueurs dans l’effectif 2024 et donc combien de recrues encore ?
L’entraînement reprend le 30 novembre et il y aura 23 joueurs disponibles. Il aura son groupe au complet. On a recruté Paul Ulberg et James Roumanos qui ont déjà été annoncés. Et il y a encore une recrue qui va nous rejoindre, un demi, pour remplacer Josh Ralph. J’espère faire un gros coup à ce poste avec un joueur qui a évolué en NRL. Ensuite, je compte intégrer plusieurs jeunes comme Justin Tropis et Wail Skoundri. Et le fait d’être resté en Championship est intéressant car cela va nous permettre de les intégrer. En Super League cela n’aurait pas été possible ou on les aurait flingués.
Même si ce sont deux entités différentes, vous êtes lié au TO Élite. Le club a des difficultés depuis plusieurs années en Élite 1, est-ce un objectif pour vous qu’à moyen terme l’équipe brille aussi ?
Non seulement c’est une ambition, mais c’est une volonté. On se rend compte qu’il y a deux clubs dans un club, chacun avec ses partenaires et c’est vrai que quand j’ai découvert tout cela, je suis un peu tombé de ma chaise. Pour moi, un club cela ne doit pas fonctionner comme ça. Il doit y avoir une unité de haut en bas sous la houlette du patron. Par exemple, je souhaite que toutes les équipes à partir de nos U17 jouent comme Sylvain Houlès le souhaite. Il y a ce problème de calendrier qui m’embête un peu car le décalage fait que c’est compliqué pour ceux qui ne jouent pas en Championship d’aller en Élite 1.
Hugo Pezet a fait les deux premiers matchs avec l’Élite pour deux victoires. C’était la première fois depuis bien longtemps qu’on n’avait pas démarré avec deux victoires et la tête du championnat. L’objectif à terme, c’est que l’Élite fasse chaque année les phases finales et que ces jeunes progressent. Et pour que ça marche, j’aimerais inclure Harrison Hansen à l’équipe Élite la saison prochaine comme il y a des chances que ce soit sa dernière année de joueur. À voir sous quelle forme, mais il pourrait être entraîneur-joueur ou référent.
Jusque-là, tout a toujours été fait pour l’équipe une, et c’est vrai dans beaucoup de clubs, même amateurs. Les autres équipes, la 2, la 3 on s’en fiche un peu et on oublie qu’elles peuvent avoir une utilité. J’ai vraiment envie de compter sur les autres équipes que la première, c’est important pour moi. Il y a une chose qui m’a interpellé aussi, dans les catégories de jeunes, on est proche du niveau des Anglais et après, on est largué, ce n’est pas normal. Je souhaite avoir un maximum de joueurs français au Toulouse Olympique. Il y a trop de joueurs français qui ne jouent pas et pour moi, c’est un problème. Je donne un exemple, César Rougé, il a fait les cinq premiers matchs et après, on ne l’a plus revu. C’est dommage. Et moi, je regarde ces jeunes joueurs et j’ai envie qu’ils viennent jouer pour nous. J’ai aussi essayé Mathieu Cozza, mais il a décidé de poursuivre en Angleterre.
Très bonne analyse. Il faut soutenir et développer les équipes des jeunes joueurs. Espérons que ces bonnes intentions pourront se concrétiser.