Penrith Panthers, les raisons d’un succès
Récents vainqueurs d’un quatrième titre NRL consécutif, les Penrith Panthers n’ont pas atteint les sommets par hasard. Retour sur la genèse et le développement du projet.
Gagner un titre, c’est déjà bien. Mais quatre consécutifs, c’est du quasi jamais vu… Et pourtant, c’est ce qu’ont réussi les Penrith Panthers. Articulé autour d’hommes fort sur le terrain et en dehors, les Panthers version Ivan Cleary sont incontestablement l’une des plus grandes institutions du début du 21ème siècle en NRL. Mais quelle est la recette du succès ? Petits éléments de réponse.
Le projet à long terme de Phil Gould
Figure emblématique du rugby à XIII australien, Phil Gould a occupé toutes les casquettes dans le milieu. Mais un rôle a marqué sa carrière, celui de General Manager des Panthers. Nommé en 2011, Phil Gould a lancé un immense chantier en 2015. À cette époque, Gus Gould avait déclaré aux médias vouloir ramener « à l’horizon 2020 » un titre à Penrith. Et pour ce faire, « Gus » a pris de grandes décisions.
Tout d’abord, l’ex-Manager Général a tranché dans le vif au niveau de l’effectif. Recruté à grands frais aux Dragons, Jamie Soward a été la première star des Panthers à quitter le club, en milieu de saison 2016. Lors des années qui ont suivi, d’autres gros salaires (Trent Merrin, Peter Wallace, Matt Moylan, Elijah Taylor…) ont également pris la porte. Pour les remplacer, Gould a fait le choix de miser un savant mélange de jeunes formés au club (Isaah Yeo, Nathan Cleary, Dylan Edwards, Jarome Luai, Brian To’o…) et d’autres jeunes recrutés ailleurs à bas coût (Villiame Kikau, Apisau Koroisau…).
En plus de son rôle en coulisse, Phil Gould a recruté deux leaders sur le terrains. Joueurs au CV long comme le bras, James Tamou (2017) et James Maloney (2018) sont venus tôt dans le projet. Avec leur expérience et leur vécu d’ex-champions, ils ont accompagné le lancement des jeunes. Cerise sur le gâteau, les deux James ont su s’écarter sans faire l’année de trop. Ce qui a laissé suffisamment de latitude aux jeunes, notamment Nathan Cleary et Jarome Luai pour s’exprimer par eux-mêmes ensuite.
En plus des transferts, Gus Gould n’a également pas eu la main qui a tremblé lorsqu’il a fallu sévir contre des joueurs qui sont sortis des clous. Les exemples les plus marquants étant James Segeyaro et Bryce Cartwright, libérés alors qu’ils étaient encore sous contrat.
Même si ça a pris du temps, cette stratégie à long terme a payé. Et sans affecter les performances immédiates du club, puisque dans ce laps de temps, les Panthers n’ont raté qu’à une seule reprise les playoffs, en 2015. Et cette année-là, l’effectif des Panthers avait été décimé par les blessures, et le licenciement soudain d’Ivan Cleary avait créé des remous en coulisses. Parti en 2019, Phil Gould n’a pas pu récolter directement les fruits de son travail. Mais les succès des Panthers lui doivent beaucoup.
Un plan de jeu fort
Pendant leurs quatre années de règne, les Panthers ont vu leur effectif bouger. Des joueurs importants comme Villiame Kikau, Apisai Koroisau et Stephen Crichton (entre autres) sont partis. D’autres, comme Luke Garner ou Paul Alamoti sont arrivés en cours de route. Mais malgré les mouvements, le style de jeu reste le même. Un arrière et des ailiers qui gagnent énormément de mètres et soulagent les avants, une défense de fer et un trio hors normes (Nathan Cleary, Jarome Luai et Isaah Yeo) à la création.
Les hommes ont beau changer, l’identité, elle, reste. Et vu le fort pourcentage de joueurs formés au club et rompus à la méthode Ivan Cleary, on ne devrait pas voir beaucoup de changement dans le futur. Cette identité forte rajoute incontestablement une pointe de charme à cette équipe.
Quel avenir ?
L’an prochain, les Panthers vont devoir faire face à deux énormes défis. Le premier, sera le départ de Jarome Luai. Homme de base des quatre titres, le demi d’ouverture a signé aux Wests Tigers où il a obtenu les clés du camion et le coffre de la banque. Son départ va forcément laisser un vide dans la machine bien huilée des Panthers, tant il en était un rouage essentiel. Pour ne rien arranger, son remplaçant (la recrue Blaize Talagi) n’a aucune référence au poste de 6 en NRL.
Mais le deuxième défi sera probablement le plus dur. Il faudra que Penrith retrouve la motivation d’encore gagner. Remettre le bleu de chauffe quand on porte l’habit de lumière depuis si longtemps est un challenge énorme. Et ce, peu importe le sport. Toutes les grandes dynasties y ont été confrontées un jour, et en 2025, les Panthers ne feront pas exception. Reste à voir si malgré le fait d’avoir plus que bien manger ces dernières années, les Panthers retrouveront l’appétit pour obtenir un cinquième titre consécutif. Ce qui leur permettait d’entrer encore un peu plus dans l’histoire de la NRL.