Patrick Mauri : « La League 1 à partir de 2021 pour des raisons économiques »
Bientôt trois ans après la reprise du club avec Jean-Pierre Sagnette, nous avons rencontré Patrick Mauri, co-président de Villeneuve RL pour faire un point sur la situation des Léopards d’Aquitaine.
Une intersaison un peu agitée, Oliviez Janzac n’est pas resté et vous avez dû trouver un autre entraîneur, Julien Rinaldi, pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Olivier Janzac est venu sauver la saison précédente quand nous avons mis fin à la collaboration avec David Ellis qui n’a pas fonctionné. Il a passé deux mois et demi au club et il a réussi à changer l’approche et la mentalité des joueurs, il a fait un très bon travail et nous a apporté un peu de bonheur. On avait discuté d’un projet sur deux ans mais compte tenu des déplacements qui étaient un peu trop longs pour lui il a préféré décliner l’offre. Il reste proche du club, on est en contact avec lui et il nous aide ponctuellement, c’est vraiment un grand professionnel.
Quand nos recherches ont commencé mi-juin, le contact a été établi avec Julien Rinaldi, qui habite en Australie mais qui revenait en France pour une année afin de faire découvrir le pays à sa famille. C’est un local qui a joué au club pendant longtemps, dont la famille habite à Pujols.
Il va mener ce projet d’une saison avec nous avant de repartir en Australie et a déjà commencé à travailler. Il a de bons contacts avec des joueurs australiens et travaille pour la reprise en novembre. C’est lui aussi un grand professionnel.
Quels objectifs pour cette nouvelle saison d’Elite 1 ?
Objectif top 6, au moins la 6ème place et nous sommes en train de bâtir une équipe pour cela. Nous communiquerons autour du 20 septembre sur les arrivées au club et sur notre effectif pour cette saison. La plupart des joueurs de la saison passée sont restés, on va pouvoir ajouter des jeunes joueurs et donc quelques recrues qui sont en cours, Julien Rinaldi et David Despin y travaillent.
Nous voulions aussi disposer d’équipes juniors et cadets très compétitives. C’est un objectif majeur que d’avoir une école de rugby qui fonctionne car ce sont les fondations du club. Nous essayons de bâtir ce club avec patience et humilité.
« The Sun » parle d’une envie de postuler à la League 1 en 2020, pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce qu’il faut savoir c’est que Villeneuve est le club d’Elite 1 le plus excentré et le seul dans la région Aquitaine. Nous avons notamment de très bonnes relations avec des clubs de treize et quinze qui nous entourent. L’offre proposée par le championnat français reste limitée et ce malgré le gros travail fourni par la Fédération Française et son président Marc Palanques. L’attractivité du public est trop faible, certainement lié à un manque de renouvellement et d’un autre côté nous saluons les parcours exemplaires des Dragons Catalans et du Toulouse Olympique qui redonnent à notre sport une visibilité nationale.
Nous sommes donc confrontés à un problème économique avant la performance sportive et c’est donc pour cela que nous nous interrogeons très activement sur le fait de rejoindre le championnat outre-Manche. La restructuration engagée fin 2015, quand nous avons repris le club, commence à porter ses fruits, les finances sont assainies et la structuration administrative, sportive et éducative sont sur la bonne trajectoire. Il nous reste encore beaucoup de travail et si 2020 ne semble pas à ce jour un objectif réalisable, nous voulons postuler pour 2021, voire 2022.
Pour cela il convient de respecter les clubs de l’élite en démontrant que Villeneuve a retrouvé un bon niveau général et que notre équipe est capable de se qualifier pour les phases finales. Cette saison sera donc déterminante. Si le projet en Angleterre se concrétise l’idée serait d’avoir toujours une équipe qui joue dans le championnat français, comme Toulouse et les Dragons.
Vous considérez donc que c’est un virage indispensable pour votre club s’il veut perdurer ?
Nos collègues présidents de club Élite peuvent logiquement penser que ce projet n’est pas réaliste. Avons-nous le choix, si le championnat français de treize n’évolue pas en volume, de ne pas tenter une expérience vers à minima un challenge européen des clubs ? De nombreux joueurs français jouent dans le championnat anglais alors pourquoi ne pas aller plus loin ?
Au niveau financier le niveau des budgets League 1 est de l’ordre de 500 K€. Le sud de la France est très attractif pour nos amis anglais qui ont investi dans de nombreux villages en Aquitaine, sous l’impulsion notamment de l’aéroport de Bergerac (350 000 passagers et des vols réguliers). Notre projet repose donc sur ces bases avant tout économiques.
Enfin la saisonnalité décalée, avec un démarrage de saison de ce championnat fin février, permet de donner une nouvelle offre sportive pour de jeunes joueurs, notamment du quinze, pour participer à ce beau sport.
Le mot de la fin ?
Le président Guasch a montré la voie au mouvement treiziste et la persévérance a payé cette année, bravo.
Un mot d’encouragement à nos amis de Carcassonne qui connaissent notre situation vécue en 2015. Leur projet est beau et respectable, le président Escourrou reste réaliste mais aussi stratégique vers une vision, je pense, similaire à la notre.
La difficulté permet de faire une pause mais aussi de se poser bien des questions sur le modèle économique d’un club amateur de treize en France. Cette ville doit rester dans notre championnat et personnellement je ferai un don pour les aider.