
NRL 2021 : 16 équipes, 16 questions
À l’heure des premiers matchs de préparation et à quelques semaines du début de la compétition, à quelles questions doivent répondre les 16 équipes de la NRL ?
Qui jouera à quel poste ? Quel jeu proposé ? Quel niveau pour tel ou tel joueur ? Voilà les nombreuses questions que l’on peut se poser avant le début de saison. On sort la boule de cristal et on tente d’y répondre.
Charlie Staines mieux que Josh Mansour ?
S’il manque peut-être encore un pilier à ces Panthers qui ont perdu James Tamou et Zane Tetevano, c’est surtout le départ de Josh Mansour qui a marqué les esprits. Après 9 saisons de bons et loyaux services, les Panthers ne lui ont pas proposé de nouveau contrat. La faute à un jeunot qui n’a joué que 2 matchs mais a réussi à interpeller la planète NRL. Un quadruplé pour son premier match, un doublé lors du second et l’affaire était dans la poche. À 30 ans, Mansour est probablement sur le déclin, encore que … Mais c’est un joueur sûr dont on n’avait pas à s’inquiéter de sa production. Le petit Charlie aura donc la pression. Marquer des essais, on sait qu’il sait faire, il faudra qu’il nous montre de quoi il est capable quand les matchs seront plus compliqués. En tout cas, ça vaut le coup d’œil.
Harry Grant ou Brandon Smith ?
À l’heure de ces lignes, l’avenir de Cameron Smith n’est toujours pas clair. Partons du postulat que papi prendra sa retraite, ou du moins qu’il ne rejouera pas avec le Storm. Se pose alors l’épineux problème de sa succession. Le jeune padawan, Brandon Smith devait prendre la suite, logiquement. Mais c’était sans compter sur le magicien Harry Grant. La bonne idée de 2020 fût de l’envoyer pendant un an chez les Tigers où le jeune Harry a pu montrer l’étendue de ses pouvoirs. À tel point qu’il fût l’un des grands contributeurs à la victoire du Queensland lors des State of Origin. Alors tu dis quoi Brandon ? S’appeler Smith c’est bien mais cela ne fait pas tout. Et Brandon a été aussi fabuleux en sortie de banc, utilisé en pilier ou troisième ligne que pas forcément convaincant au talon. La polyvalence de Brandon et le talent de Harry vont sans doute faire pencher Bellamy pour le second même si cela entraînera sans doute un départ du néo-zélandais l’an prochain. En tout cas, il faudra faire de la place aux deux cette saison parce qu’impossible de se priver de tant de qualité.
Autre chose que du spectacle ?
C’est bon, on a compris, les Eels sont de retour. 5ème en 2019, 3ème en 2020 et un jeu très spectaculaire. Mitch Moses, Dylan Brown et surtout Clint Gutherson font voler la balle et parler leurs jambes pour régaler le public. C’est bien mais ça ne gagne pas forcément à tous les coups. Surtout, ça peut perdre alors que ça ne devrait pas. La faute à une gestion par la charnière parfois délicate mais aussi au manque de roulement du paquet d’avants. RCG le besogneux, Paulo le libérateur, Lane… le grand, Matterson la machine, Nathan Brown le justicier, c’est magnifique mais ça finit par s’épuiser. Après un début de saison tonitruant, on a vu les Eels souffrir et essentiellement leur paquet d’avant. Espérons que Brad Arthur arrête de tirer sur la corde, Reed Mahoney au talon sera capable de faire avancer un pack un peu moins talentueux s’il le faut.
Qui à côté de Luke Keary ?
Trent Robinson n’a pas jugé Kyle Flanagan assez bon à son goût ? Mais qui pour le remplacer ? Ou plutôt, qui pour remplacer Cooper Cronk ? Lorsque Flanagan a été envoyé en réserve en août dernier, c’est Lachlan Lam qui a eu les honneurs du numéro 7. D’ailleurs, Trent Robinson a confirmé que ce serait lui qui débuterait la saison. Cela lui assure-t-il le poste pour 2021 ? Pas du tout. Derrière, pousse le talentueux Sam Walker dont le seul défaut semble d’être moins solide que moi. Déjà deux joueurs pour un poste, auxquels on pourrait ajouter la recrue venue des Warriors : Adam Keighran. Il n’a que très peu joué chez les Warriors. Quand il a été sur le terrain, c’était au poste de centre mais Adam Keighran a été formé à la charnière. Je mets d’ailleurs une petite pièce sur lui pour endosser le rôle sur le long terme. Avec la blessure de Keary pour le début de saison, Robinson pourra tester deux fois plus rapidement ces jeunes pousses. La difficulté sera d’engranger des victoires en même temps.
Des centres et des ailiers au niveau ?
Les finalistes 2019 ont eu beaucoup plus de mal en 2020. Ils n’ont pas été épargnés par les blessures, il est vrai. Seulement 9 matchs pour Josh Hodgson, 11 pour John Bateman et pas un ensemble. Satisfaction tout de même avec l’intégration de George Williams venu de son Angleterre natale. Malgré le départ de Bateman, le pack reste très solide. L’épine dorsale Hodgson-Williams-Wighton-CNK, c’est du très haut niveau. Reste les centres et les ailiers. Grosse perte avec le départ de Nick Cotric, légèrement compensé par les choses intéressantes qu’a déjà pu montrer son remplaçant Bailey Simonsson. Par contre, de l’autre côté, Jordan Rapana semble avoir perdu son mojo au Japon. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par Curtis Scott au centre dont il a fini par prendre la place d’ailleurs. L’ancien Storm n’a été que l’ombre de lui-même depuis son arrivée. Les Raiders auront pourtant besoin de lui et des autres. Reste le cas Jarrod Croker. S’il est repassé au-dessus des 80% devant les perches, il n’est plus aussi tranchant en attaque qu’il ne l’était. Sans Cotric à ses côtés il va devoir retrouver ses jambes et sa vista pour que l’attaque des Raiders ne pèse pas essentiellement sur sa charnière.
Le réveil de Latrell Mitchell ?
Saison en demi-teinte pour Latrell qui, du coup, n’a pas réglé le conflit entre ses fans et ses détracteurs. Seulement 14 matchs avant sa rupture du tendon de l’ischio-jambier, juste le temps de montrer par moment qu’il était toujours le joueur exceptionnel qu’on a connu mais aussi de mettre en avant ses lacunes et le travail qu’il restait à faire pour s’approprier le numéro 1. En tout cas, il va pouvoir continuer son apprentissage puisqu’avec le départ de Corey Allan, la concurrence (si on peut dire) a disparu. Retour quasiment à là où on était il y a un an pour Latrell Mitchell avec des Rabbitohs qui ont su gagner sans lui en 2020 … Pas de pression.
A quel niveau sera Mitchell Pearce ?
Les Knights progressent d’année en année. Pas bien vite peut-être, mais ils progressent quand même. Ils ratent le top 8 en 2019 avec un bon Mitchell Pearce. Ils se qualifient en 2020 avec un Pearce que je qualifierai de moyennasse. Avec un Kalyn Ponga qui a fait plus que confirmer, la révélation Bradman Best et un paquet d’avants performant qui s’est encore renforcé avec Tyson Frizell, ne manque plus qu’un Mitchell Pearce à son niveau. Cela n’a pas débuté fort avec une petite affaire hors terrain dont il a le secret. Espérons qu’il ait à cœur de se racheter sur le terrain.
Dans quel état est Matt Moylan ?
Pas fameux ces Sharks en 2020, mais ils ont assuré le service minimum. Matchs gagnés contre le bottom 8, matchs perdus contre le top 8, résultat : 8ème et éliminés au premier tour. Il sera difficile de faire mieux cette année, pareil au mieux. Avec un Shaun Johnson out pour le début de saison, Matt Moylan et Chad Townsend vont avoir les clés du camion. On connaît le deuxième pour sa constance à un niveau acceptable. Seuls les plus anciens se souviennent que Matt Moylan est un joueur fabuleux. Et s’il continue à se blesser, peu de gens vont se souvenir que c’est encore un joueur de rugby. Donc premièrement, on prie pour sa santé et deuxièmement, on espère qu’il puisse retrouver ce qui avait fait de lui l’un des jeunes joueurs les plus prometteurs de sa génération.
La saison de la maturité ?
Justin Holbrook saison 2. Comme souvent, il faut un peu insister pour se mettre vraiment dedans. On peut dire que les Titans ont réussi leur final et tout le monde est impatient de voir la suite. 5 victoires pour terminer la saison, un AJ Brimson en feu et un jeu plutôt agréable. Tino Fa’asuamaleaui, Herman Ese’ese et surtout David Fifita arrivent pour dynamiser le pack. Si Ashley Taylor n’arrive pas à briller avec un bon coach, des avants solides et un arrière « State of », on ne pourra rien pour lui. Jamal Fogarty qui a brillé en 2020 va devoir confirmer mais ça devrait le faire. Je suis plus inquiet pour le poste de talonneur où Mitch Rein a montré ses limites. Ah si Cameron Smith pouvait signer … Ce serait un top 8 assuré.
Plus fort que le virus ?
Ils vont bientôt abandonner les « Warriors » pour se renommer les « Délocalisés ». Obligés de déménager en Australie à cause de l’épidémie en 2020, rebelote pour 2021. Avec un 10ème place l’an dernier, ils ont limité la casse malgré des joueurs rentrés prématurément chez eux, des prêts d’autres clubs, des matchs uniquement à l’extérieur et éloignés de leurs familles. Tout d’abord, un grand bravo à eux. Pas question de faire l’impasse côté néo-zélandais. Ils ont recruté du lourd … au sens propre. Ben Murdoch-Masila, Addin Fonua-Blake mais aussi des joueurs sans nom composés, Kane Evans ou encore Bayley. Voilà déjà quelques 400kg à ajouter au pack. RTS va faire sa dernière saison avant de partir à XV. On peut compter sur lui pour tout donner à son club comme il l’a toujours fait. Espérons que la charnière qui se cherche encore réussisse à le trouver, ce qu’ils ont trop peu fait en 2020.
Qui au talon ?
Un temps pressenti au talon, Josh Reynolds n’est plus là. C’est sans doute une bonne chose pour les Tigers. Harry Grant aura mis des étoiles dans les yeux à tous les fans des Tigers mais il est rentré à Melbourne. Le numéro 9 va donc très probablement atterrir sur les épaules de Jacob Liddle ou sur celles de Jake Simpkin. Oui, ça ne fait pas rêver. Le premier est un bon soldat, au club depuis 2016, il a joué une quarantaine de matchs depuis, assurant l’intérim en cas de blessures ou faisant le job en sortie de banc. La surprise viendrait donc plus probablement du jeune Jake Simpkin, 19 ans. Pas grand chose à se mettre sous la dent avec les saisons de divisions inférieures annulées en 2020. Il faudra donc observer les qualités du gamin, directement dans le grand bain. En tout cas, avec le départ de Benji Marshall, les Tigers ont définitivement derrière eux leur passé glorieux. L’effectif est capable de beaucoup mieux que ce qu’ils ont proposé en 2020.
Comment faire mieux que dernier ?
Si vous êtes un peu fragile mentalement, ne lisez pas les lignes qui vont suivre. La liste ci-après devrait suffire à elle-même :
- Tyzon Frizell est parti
- Jack Bird est arrivé
- Ben Hunt est toujours là, capitaine et sûrement avec le numéro 7
- Corey Norman a encore eu des problèmes extra-sportifs
- Cameron McInnes ne part que la saison prochaine mais il s’est fait les croisés
- Andrew McCullough vient remplacer McInnes
- On ne fait toujours pas officiellement confiance à Matt Dufty
- Anthony Griffin est le nouveau coach
Pour les plus optimistes, Zac Lomax est bon, Adam Clune a été pas mal et y’a sûrement quelques jeunes pas mal. En deux mots, bon courage.
« Turbo » sur ses deux jambes ?
Tom Trbojevic ne fait pas des miracles mais pas loin. Et vu l’effectif, il va falloir en faire plus que d’habitude. Mais pour cela, il faut qu’il reste en bonne santé. Ses blessures récurrentes aux ischio-jambiers gâchent maintenant ses saisons depuis deux ans. Seulement 19 matchs en deux saisons et 15 victoires. Pendant que sans lui Manly n’a enregistré que 6 victoires en 25 matchs. Tout est dit. Une saison complète de Tommy Turbo et Manly a une chance de top 8 même avec des plots. s’il est absent, n’y pensez même pas. En tout cas, ça démarre bien mal après cette petite course improvisée inutile.
Taumalolo : travailler moins pour travailler mieux ?
Todd Payten l’a annoncé, en 2021, on aura moins de Jason Taumalolo. Cela peut paraître paradoxal, de vouloir se passer de son meilleur joueur, mais l’idée est d’avoir un joueur plus frais, plus tranchant et plus décisif. En 2020, son temps de jeu a souvent approché ou dépassé les 70 minutes. Comme JT n’est pas fainéant, il ne rechigne pas à beaucoup défendre ou à ressortir les ballons de ces 20m. Efficace mais fatigant. L’idée est donc de le voir faire moins de travail de fond afin de générer plus de franchissements de lignes, libérations et pourquoi pas essais. Le retour du « jeune Taumalolo ». C’est un pari, pas très risqué puisque les Cowboys n’ont pas grand chose à perdre et qu’il sera toujours temps de revenir en arrière. Il faudra que les joueurs autour de lui soient un peu plus performants que ces dernières saisons.
Nick Cotric est-il un centre ?
Alléluia ! Les Dogs ont enfin une équipe. Après plusieurs années de marasme les choses ont enfin bougé. Nouveau coach, Trent Barrett, et des recrues à la pelle. Parmi elles, Nick Cotric, l’ancien ailier des Raiders. Excellente pioche assurément mais il y a un « mais ». Cotric a signé aux Bulldogs pour jouer au centre et plus à l’aile. Poste qu’il a occupé à quelques rares occasions durant sa carrière. Soyons optimistes, Cotric a toutes les qualités pour faire un bon centre, mais cela nécessite confirmation. Et surtout, qu’arrivera-t-il si jamais il n’est pas si performant que ça et que Barrett décide de le replacer à l’aile ? Recruter un joueur qui vient avec le désir de changer de poste n’est jamais facile et réduit fortement la marge de manœuvre. Cela dit, les Bulldogs n’ont pas vraiment le choix et ne peuvent pas se permettre de laisser passer de tels joueurs. La réussite de Cotric cette saison au centre rassurerait tout le monde. Il ne restera plus qu’à espérer celle d’Addo-Carr à l’arrière en 2022.
Est-ce qu’un gros pack peut suffire ?
Réponse facile : NON. Ils l’ont prouvé la saison passée. Malgré les Haas, Lodge, Fifita, Carrigan et j’en passe, les Broncos ont été incapables de produire du jeu et la défense … N’en parlons pas. Bien sûr, au milieu, c’est solide, Haas et Carrigan font des stats mais ce bloc a beaucoup de mal à se déplacer, ce qui a exposé des demis déjà très faibles en défense. En attaque, les différentes charnières n’ont jamais réussi à créer ou gérer quoi que ce soit. Si on rajoute à cela des arrières qui se sont succédés et qui n’ont pas donné satisfaction non plus, on finit avec une belle cuillère de bois. Bye bye Anthony Seibold donc et bonjour Kevin Walters. Ce bon Kevin va devoir faire des miracles parce que l’effectif n’a pas bougé et les mêmes problèmes semblent se profiler. On est d’accord qu’il sera difficile d’être aussi mauvais en 2021 qu’en 2020 mais le top 8 semble bien loin.