
Julien Treu : « La Coupe du monde 2025 est clairement un objectif » (2/2)
Nous avons rencontré Julien Treu, membre du comité de directeur de la Fédération Turque, qui évoque le développement du XIII et des équipes nationales en Turquie.
Où en est l’équipe nationale masculine ?
L’équipe nationale masculine est en très bonne voie. Localement, nous avons joué la Serbie et les British Pioneers à 13, nous avons atteint la finale du tournoi de 9’s de Rhodes en perdant en finale contre la Grèce jouant avec des joueurs australiens d’origine grecque et nous avons gagné le premier tournoi de 9’s des Balkans en battant la Serbie en finale. Enfin nous avons joué un match U19 contre la Serbie et allons participer aux phases qualificatives du championnat d’Europe U19.
À l’étranger, nous avons participé au championnat des nations émergentes en Australie en octobre 2018. Cela nous a permis de découvrir un pool de joueurs héritages venant d’Europe et d’Australie. Le résultat était très convaincant avec 3 victoires sur 4 et une 7ème place permettant à la Turquie de faire son apparition dans le classement mondial.
Quels objectifs à court terme ?
Avec le président Gurol Yildiz nous travaillons sur notre calendrier international. Nous avons finalisé une double confrontation masculine et féminine contre la Grèce à Edirne en septembre et nous sommes en train de finaliser la même chose contre la Serbie en octobre. À court terme nous voulons donner un maximum d’opportunités pour les joueurs locaux afin de les préparer pour des tournois plus importants tel que le championnat d’Europe ou la phase qualificative à la Coupe du monde. Notre objectif est de sortir un maximum de joueurs locaux capables de rivaliser à l’international. Nous avons remarqué qu’il y a eu un engouement local pour la Coupe des Nations émergentes étant donné que nous avions sélectionné 4 joueurs du championnat turc et qu’ils ont joué.
La Coupe du monde 2025 est-ce un objectif ?
La Coupe du monde 2025 est clairement un objectif, nous avons un groupe jeune localement qui se bonifie au fur et à mesure que nous jouons. Nous avons aussi un sélectionneur en Australie, Scott Hartas, qui s’occupe du suivi des joueurs d’origine turque évoluant dans le championnat australien. À nous donc de nous mettre dans les bonnes conditions et si la mayonnaise prend nous pouvons espérer une belle phase qualificative et pourquoi pas une qualification. Nous sommes par contre dans la poule européenne ce qui sera un vrai challenge. Mais nous ferons tout pour mettre l’équipe nationale dans les meilleures conditions.
Un joueur est venu jouer à Salon, est-ce que pour le développement du XIII en Turquie et du niveau, l’idée est d’essayer d’envoyer plus de joueurs dans le championnat français ?
Nous avons la chance d’avoir rencontré un joueur qui jouait en France d’origine turque : İlter Bulbul. Grâce à lui, nous avons pu faire un essai en envoyant Erdem Cagdas revenant de la Coupe des Nations émergentes à Salon. Erdem y est resté 3 mois et est revenu avec beaucoup d’expérience et de très bons souvenirs. Ceci permet aux joueurs revenant en Turquie de partager leurs expériences localement et ainsi d’élever le niveau local. Nous avons par exemple fait de même avec une joueuse Ecem Açıkgöz, elle a rejoint la Global Rugby League Academy pour 2 mois et signer pour le club d’Halifax. En moins d’un mois, elle est devenue indispensable en terminant 2 fois joueuse du match et marquant à chaque apparition. Elle s’entraîne aujourd’hui une fois par semaine avec les Bradford Bulls féminines et lors de notre match international contre l’Italie elle termine meilleure joueuse du match. C’est donc pour nous important que les joueurs/joueuses locaux fassent des essais à l’étranger que ce soit en France ou en Angleterre afin d’acquérir un bagage technique plus important. La motivation des joueurs turcs est impressionnante, ils font preuve de discipline et d’abnégation qui les poussent à travailler toujours plus car avouons le, ce n’est vraiment pas évident de s’intégrer dans un autre pays sans y parler la langue.
Les féminines ont joué leur premier match, avec une victoire face à l’Italie. Peux-tu nous raconter ce moment historique ?
Cela fait maintenant un moment que je suis les joueuses de rugby turc. Elles viennent pour la plupart du 7, mais la plupart n’ont pas le profil de joueuse à 7. De plus, il n’y avait pour les filles rien d’autre que du 7 localement. Les filles s’entraînaient donc pendant 8 mois pour faire 3 tournois par an, et ne jamais avoir d’opportunités. Apres les avoir rencontrées plusieurs fois lors de notre tournoi de beach rugby league, nous leur avons proposé de créer des clubs et de participer à un championnat de 13. Durant le championnat, j’ai analysé chaque match des clubs féminins, sorti les statistiques de chaque joueuse et essayé de les aider dans la compréhension du jeu et leur développement personnel. Ceci m’a aussi permis d’avoir un maximum d’outils pour me faire une bonne idée des joueuses à sélectionner. Nous avons par la suite organisé 2 journées de détection, ce qui m’a permis aussi de découvrir une ou deux joueuses que je n’avais pas considérées auparavant. Par la suite, nous avons mis en place un plan de jeu, organisé une session vidéo spécifique à l’équipe italienne avant le match et un dernier entraînement de mise en place, et nous étions lancées. Nous avons cru en nous et pensions pouvoir faire une belle performance. Le match se joue sur les transformations et l’apport de notre joueuse jouant en Angleterre depuis un mois et demi a été crucial. Nous sommes bien entendu ravis du résultat, démarrer l’histoire internationale de l’équipe féminine par un match face à l’Italie et en sortir vainqueur est quelque chose de magique et nous sommes encore sur notre nuage. Personnellement c’est un moment gravé à jamais dans mon cœur, je suis vraiment très fier de ce que les filles ont fait.
Quels sont les objectifs sportifs et de développement pour l’équipe féminine ?
L’équipe nationale féminine est pour nous très importante, nous pensons que le rugby à 13 féminin jouera un rôle clé dans le futur du 13 en Turquie. Elles sont motivées, disciplinées, créatives et ont une soif d’apprendre et de progresser que je ne trouve pas toujours chez les joueurs masculins. Nous avons déjà organisé une rencontre contre la Grèce et la Serbie. Cerise sur le gâteau, lors du Congrès de la Féderation Européenne, nous avons rencontré Anne Lheuillet avec qui je suis en contact pour l’organisation d’une rencontre Turquie France en match aller et retour. Un rêve pour les filles et pour moi. Le but ultime pour les filles est de les faire jouer un maximum afin de progresser et pourquoi pas, participer aux phases qualificatives a la prochaine Coupe du monde.