State of Origin 2020 : les raisons de la débâcle des Blues
Double tenant du titre, les Blues étaient largement favoris pour enchaîner avec une troisième série victorieuse. Malheureusement pour eux, ces Maroons 2020, guidés par Wayne Bennett, ont réussi à déjouer les pronostics. Analyse d’une débâcle.
Ils étaient les grands favoris. En plus d’être légèrement supérieur sur le papier, leurs adversaires étaient décimés par les blessures. Mais les Blues du New South Wales n’ont pas réussi à tenir leurs rangs. Jetons un petit coup d’œil à une série de choix et d’événements qui ont conduit à cette défaite.
Premièrement, il s’agit de rendre hommage aux Maroons qui ont fait de superbes State of Origin. Ou du moins, deux superbes matchs, ce qui, si vous savez compter, suffit.
Passons maintenant à ceux qui nous intéressent : les Blues.
La sélection
J’appelle à la barre, Brad Fittler.
Dès la sélection, il y a eu quelques interrogations. En premier lieu, des absences difficilement compréhensibles :
- David Klemmer, pilier dans les deux sens du terme des Blues ces dernières saisons. Auteur d’une très bonne saison avec les Knights et étrangement mis de côté. Il est vrai qu’il a paru émoussé sur les deux trois derniers matchs de la saison mais pas de quoi ne pas le sélectionner à mon avis.
- Ryan Matterson, le deuxième ligne des Eels et grand artisan de la bonne saison de Parramatta. Malheureusement il y a de la concurrence à son poste. Concurrence composée de troisième ligne sélectionné pour jouer seconde et d’anciens plus tout à fait au niveau.
- Apisai Koroisau, le talonneur des Panthers. Non sélectionné au profit de son coéquipier Jarome Luai, pourtant sur un autre poste. Au talon, Damien Cook est le titulaire indiscutable (encore que l’on peut discuter de tout). Un seul autre talonneur dans le groupe de Fittler en la personne de Cameron McInnes des Dragons. C’est un excellent talonneur mais il a passé une grande partie de la saison en troisième ligne et il aurait été (il n’a pas joué) un joueur de banc parfait. Fittler a donc décidé de se passer du deuxième meilleur talonneur Blues de la saison au profit d’un demi qui venait s’empiler derrière Luke Keary et Cody Walker.
Outre les absences, comme cité plus haut, la sélection pour la charnière pouvait interroger : Nathan Cleary, Luke Keary, Cody Walker, Jarome Luai. Je n’ose pas mettre Jack Wighton dans la liste déjà trop fournie en numéro 6. Keary, Walker, Luai et Wighton donc sont des joueurs plus instinctifs, qui attaquent la ligne. Pas de doublure donc pour Cleary, qui heureusement ne s’est pas blessé et 3 (4 si vous voulez) à qui on envoyait le message : « si t’es pas bon tu vas sauter ». Exactement ce qui était arrivé à Cody Walker l’an passé.
Pour revenir à Jack Wighton, il semblait évident pour beaucoup qu’il serait aligné au centre, alors même qu’il venait d’être élu meilleur joueur de la saison à l’ouverture. Les deux seuls centres de métier appelés furent Zac Lomax et Stephen Crichton et pourtant ils ne feront pas leur apparition sur la pelouse.
J’en place une dernière pour Brad Fittler avec sur les 12 avants sélectionnés, 5 troisième lignes et seulement 4 piliers et 3 deuxièmes lignes de métier.
Le match 1 : La surconfiance
Pas de Ponga, plus de Cameron Smith, Valentine Holmes blessé, Kurt Capewell au centre. Les Blues sont ultra favoris et cela peut se comprendre. Premier surconfiant, le coach, qui met un seul pilier sur le banc, Payne Haas, un 6 et un arrière au centre, Wighton et Gutherson, Keary titulaire et Cody Walker sur le banc dont on se demande quel poste il pourra bien occuper lors de son entrée.
Le plan de jeu du Queensland est simple, défendre et courir dur et empêcher Cleary et Keary de développer leur jeu de passes. Boyd Cordner, sélectionné uniquement sur son passé se blesse au bout de quelques minutes, Cameron Murray le remplace et se blesse d’entrée également, dommage. En première période, les Blues ne dominent pas vraiment mais scorent deux fois tandis que le Queensland défend bien mais surjoue un peu en attaque. Deuxième surconfiant, la charnière Blues n’attaque pas assez la ligne et les avants ne sont pas suffisamment dominants. Mais le score est en trompe l’œil et les Bleus sortent du vestiaire avec les mêmes intentions, jouer tranquille et espérer que ça se passe bien. En face Wayne Bennett n’est pas fou. Les Maroons entament la seconde période en resserrant le jeu au milieu du terrain et profitent des faiblesses des centres improvisés en défense pour planter les banderilles fatales. Aucun joueur chez les Blues ne semble réagir, ni mener la barque pour s’adapter à la situation. Pire un troisième surconfiant surgit, Daniel Tupou fait une libération plus qu’hasardeuse qui envoie Cameron Munster tuer le match. Le Queensland mène 1-0 à la surprise générale.
Le match 2 : La réaction
Boyd Cordner est out pour le reste de la compétition, plutôt une bonne nouvelle et Luke Keary fait les frais de la défaite, remplacé par Cody Walker, ça se discute. Payne Haas échange avec Junior Paulo et débute le match, logique mais Fittler ne met qu’un seul pilier sur le banc encore une fois et pas d’utility player, un pari. En face AJ Brimson blessé laisse sa place à Valentine Holmes mais rien de spécial à signaler.
Le premier fait de jeu cette fois est à l’avantage des Blues puisque Cameron Munster se blesse dès le début du match. Privé de leur meilleur joueur, les Maroons vont se faire manger par leurs adversaires. Nathan Cleary prend enfin le contrôle de la situation, il prend ce que lui donne la défense et s’engage plus. Cody Walker en électron libre s’amuse. Le jeu au pied est quasi parfait. Le job est fait devant et les essais viennent naturellement. Le Queensland sans Munster ne trouve pas de solutions en attaque et la défense finit par craquer, logiquement. 34-10 pour les Blues à la fin du match, 1-1 sur la série, on se dit que les Blues ont trouvé la solution.
Le match 3 : Le confort et la paralysie
Quelques changements sur la ligne arrière du Queensland. Corey Allan jouera arrière, Valentine Holmes et Edrick Lee seront les ailiers et Brenko Lee jouera au centre. Niveau talent ce n’est pas génial mais on sait qu’avec le maillot des Maroons ils vont se sortir les doigts, à l’image d’un Dane Gagai toujours méconnaissable. Pas de changement chez les Blues, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Parce qu’il n’y a toujours qu’un seul pilier sur le banc, que les centres ont failli au match 1 et que Isaah Yeo sait faire tout ce que fait Jake Trbojevic en mieux… mais admettons.
Au jeu de la malchance, ce sont les Blues qui perdent cette fois avec la blessure de James Tedesco. Coup très dur même puisque je vous rappelle le pari du match 2, pas d’utility player sur le banc. Gutho passe à l’arrière (ça va) et Yeo rentre au centre (ça va moins bien déjà). Les avants se font manger et la charnière réitère la performance du match 1, à base uniquement de passes prévisibles et en essayant de jouer sur les extérieurs trop rapidement. Se disant que ça va passer sans trop se faire mal. Cameron Munster sort alors l’action de l’année au meilleur moment et le jeune Harry Grant vient conclure l’affaire. Alors que l’équipe et en perdition, aucun joueur des Blues ne va réagir. La paire Cleary-Walker va rester sur ses positions, incapables de s’adapter à la situation. Au final le match est serré mais uniquement parce que Coray Allan n’est pas au niveau et que Valentine Holmes a les mains pleines de doigts.
Il est évident que Brad Fittler a une grande responsabilité dans ces défaites. Toutefois, même si les joueurs n’ont pas été mis dans les meilleures conditions, il y avait largement la place de l’emporter même sans être géniaux. Wighton et Gutherson ont failli en défense au premier match tandis que Keary et Cleary ne faisaient pas un très bon match. Le match 3 a été mal abordé alors qu’il suffisait de reproduire ce qui avait été fait au match 2. Comme l’a dit Cooper Cronk :
Perdre Tedesco c’est dur, mais ils sont double champion en titre, ils auraient dû trouver un moyer de gagner le match. Il arrive aux grandes équipes de State of Origin que certains joueurs ne jouent pas et elles trouvent juste un moyen de gagner.
Cette équipe des Blues n’est tout simplement pas une grande équipe et elle a probablement cru à un moment, qu’elle l’était. Espérons pour eux qu’ils sachent en tirer quelques enseignements. Réponse en 2021.
Le fait de jouer apres la saison a peut etre nivelé le niveau, je pense que la meme equipe avec un SOO en juin aurait largement dominé
« légèrement supérieur » ? Non les Blues de NSW étaient totalement supérieurs.
Il n’y avait que 2 résultats probables : NSW gagne par beaucoup ou QLD gagne juste par plusieurs.
Légèrement, j’entendais avant les sélections, en regardant les sélectionnables donc avec les éventuels Morgan, Mbye, Ponga et Fifita…