
Pedro Martinez, le XIII comme vecteur de développement social
Nous avons rencontré Pedro Martinez, président de Marseille Treize Avenir, qui nous parle de sa vision du rugby à XIII comme vecteur de développement social.
Pedro Martinez, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai commencé le rugby à XIII à 14 ans avec la Paillade XIII, un club qui a disparu depuis. Ensuite j’ai joué la plus grosse partie de ma carrière pour Montpellier XIII et suite à une mutation à Marseille, j’ai voulu m’impliquer pour la création d’une école de rugby dans cette ville.
Historiquement, que représente votre club Marseille Treize Avenir ?
A la base c’est une école de rugby dans le club de Marseille XIII, mais suite au dépôt de bilan de ce club il m’a semblé important de sauver au moins la partie école de rugby. Nous nous sommes alors rapprochés de l’association « Point Sud » qui a repris, dans un premier temps, tout le développement du club. En s’occupant par exemple des jeunes avec des actions dans les écoles ou l’organisation de compétitions. Point Sud voulant ensuite se recentrer sur la prévention, l’insertion et la formation par le sport, nous avons créé Marseille Treize Avenir pour gérer l’école de rugby. Sous l’impulsion de l’ancien président, Stéphane Pujoni, le club a même pu reprendre les compétitions !
Aujourd’hui où en est votre club en termes de nombre de licenciés, d’éducateurs et de budget annuel ?
Il y a trois saisons, je suis devenu trésorier du club alors que j’étais manager des féminines et je me suis rendu compte que le club accusait un déficit plutôt important. Ma première mission a été de rééquilibrer les finances du club, ce que nous sommes parvenu à faire cette année car nous avons déjà la trésorerie nécessaire pour pouvoir tenir toute la saison. D’un point de vue plus sportif, à part quelques équipes qui ont brillé, je dirais que le club est en récession, notamment en terme d’effectifs. Nous comptons cette saison 100 licenciés compétitions et 1000 licenciés initiation en prenant notre école de rugby et Point Sud. Au niveau d’éducateurs, nous en avons perdu beaucoup par rapport à l’année dernière donc nous privilégions une stratégie de formation des instituteurs pour qu’ils puissent ensuite le faire pratiquer.
L’équipe première est en Fédérale, quels sont vos objectifs pour cette équipe à moyen terme ?
Les équipes sénior et junior n’étaient pas sur de pouvoir reprendre et c’est les joueurs cadres qui ont décidé de se prendre en mains pour faire la saison. Nos équipes sont très jeunes car les meilleurs éléments partent pour d’autres clubs. Nous ne rémunérons pas nos joueurs donc nous pouvons leur offrir que l’amour du maillot !
Quels sont vos prochains projets de développement pour votre club ? Et quelle place comptez-vous faire à la formation ?
Marseille Treize Avenir est à la base une école de rugby, l’essence du club est la formation. Nous travaillons beaucoup dans les quartiers donc je dirais que notre vocation première est le social. A titre personnel, je perçois le rugby à XIII comme un outil éducatif qui permet d’aider les jeunes dans la vie de tous les jours. Même si nous avons gagné des titres en juniors ou en féminines, d’un point de vue personnel, la performance n’est pas la chose que je recherche en priorité. Il faudrait qu’il y ait une équipe de rugby à XIII de Marseille dans l’élite mais en l’état actuel des choses ce n’est pas la vocation de Marseille Treize Avenir. Ce n’est pas avec un budget de 50 000 euros que l’on va pouvoir monter en Elite.
Comment faire de Marseille, qui vit pour l’OM, une ville de rugby à XIII ?
À Marseille, nous n’avons pas la culture rugby comme il peut y avoir à Toulon, Perpignan ou Toulouse. Il existe des clubs de XV et de XIII mais cela ne génère pas l’engouement que l’on retrouve dans ces villes. C’est vrai que tout tourne autour de l’OM et quand il y a un match à la télé, il n’y a personne à l’entraînement. (rires) Nous essayons de montrer le XIII aux jeunes mais la culture n’y est pas !
Un match des Dragons délocalisé à Marseille, pour faire connaître le XIII dans votre ville, serait-ce envisageable et intéressant ?
Selon moi, cela ne serait pas intéressant que pour Marseille mais pour toute la région PACA, car nous avons tout intérêt que le XIII soit fort dans cette région. Si le rugby à XIII prend à Marseille avec rien autour il s’essoufflera très vite. Donc un match des Dragons à Marseille, bien sûr que cela serait intéressant même si le Vélodrome est grand et que ça ne sera pas simple de le remplir.
Avez-vous mis en place des ententes avec les clubs des alentours (Salon, Avignon…) ?
L’année dernière, nous avions une entente avec Salon en cadets, avec Lambesc en minimes et avec ces deux clubs en junior élite pour avoir une équipe qui tient la route. Je ne suis pas satisfait de l’expérience car j’ai le sentiment que les gens regardent trop les intérêts de leur club. Je pense qu’il faut raisonner en termes de bassin de pratique et avoir une équipe forte dans les Bouches du Rhone comme dans le Var ou le Vaucluse. Ces clubs seraient les représentants des départements au haut niveau. Mais aujourd’hui, comme je le disais avant, ce n’est pas mon but premier avec Marseille Treize Avenir, je vois l’utilité de mon club dans un autre domaine que le haut niveau.
Theo Lardot, Mathieu Laguere et Samirdine Youssouf sont ou ont été joueurs des Dragons U19. Est-ce une fierté pour vous ?
Oui c’est une fierté, surtout pour les éducateurs qui les ont eu en lien direct. C’est aussi une satisfaction de les avoir accompagnés jusqu’aux Dragons. Leur passage au pôle de Salon a été déterminant pour la suite par exemple.
Je suis autant satisfait de ce qu’on a pu leur apporter au niveau performance qu’au niveau de l’épanouissement personnel.
Vos équipes féminines obtiennent de bons résultats, quels sont les prochains objectifs ?
Nous avons essayé d’en accompagner quelques unes vers le haut niveau mais nous arrivons à la fin d’un cycle, ce qui est propre à chaque équipe. La moitié de notre équipe sénior championne de France il y a 2 ans en deuxième division, ont arrêté leur carrière après la finale. Ces filles commencent souvent le rugby tôt et elles ont ensuite envie de consacrer leur temps à autre chose, d’avoir une vie de femme. Cette année, certaines des cadettes jouent en sénior et sont encore un peu tendre pour le haut niveau. Cela affaiblit notre équipe cadette donc je pense que cette année, peu importe la catégorie, les résultats seront moins bons chez les féminines malgré notre entente sénior avec Montpellier XIII.
merci !