Lettre ouverte de Bruno Cousinié : « Mon sport, le plus beau sport du monde »

Mon sport, le plus beau sport du monde…

Oui, mais…

Depuis plusieurs années ou depuis plusieurs décennies, j’ai un virus…. Non, pas la Covid, mais celui du rugby à 13. Inutile de compter le nombre d’années de passion, ou qui, comme moi, dans ma famille, n’a pas réussi à soigner ce Virus, car rares sont les non-passionnés qui participent à l’histoire de ce sport.

Certains pourront affirmer que mes propos ou mes différentes propositions ne sont pas viables et peut-être auront-ils raison, quoi qu’il en soit, je suis de ceux qui ne sont pas satisfaits du Destin que l’on nous réserve.

Voilà 44 ans que je suis tombé dans la « Marmite » Treiziste, pour autant la potion ne devait pas être Magique, car j’ai l’impression aujourd’hui d’appartenir à un petit village Gaulois.

La faculté de notre Fédération, et ce depuis bien longtemps, c’est de s’adapter à une chute lente, mais sûre de notre discipline, sans pour autant chercher à réformer ou chambouler. Je suis en effet de ceux qui pourraient penser que lorsque les bouteilles d’oxygène s’épuisent, il faut tout faire pour remonter à la surface, avant de connaître le pire.

Notre sport considéré National, n’est en fin de compte qu’un sport régional à forte connotation occitane. Car au fil des années, nous avons, pour « X » raisons, perdu bon nombre de clubs en route. Nous nous gargarisons de la renaissance de clubs du passé, et je trouve important que certains villages se reconstruisent autour d’une flamme treiziste, mais cela soigne-t-il notre mal, ou n’est ce qu’un petit pansement sur une plaie béante

Je ne m’affiche ni en donneur de leçons, ni en érudit de notre Sport, je souhaite juste que notre rugby à 13 redore un peu son blason, et que certains Bastions de notre discipline ne soient pas tentés par des Sirènes outre-Manche pour une expérience couteuse et sans objectif sportif réel.

Depuis quelques saisons, certains clubs ont réalisé l’importance de former et d’investir dans une école des jeunes, mais aussi dans la formation des éducateurs et des entraineurs. De fait, nous pouvons voir aujourd’hui des matchs de phases finales d’un très bon niveau, dans les catégories de Jeunes. Dès lors, nous proposons de farouches oppositions à nos meilleurs ennemis (anglo-saxons) dans les catégories allant jusqu’aux U19. De ces rencontres, souvent nous arrivons à sortir vainqueurs, mais que deviennent tous ces jeunes joueurs talentueux au fil des ans.

Je considère qu’en France, nous avons un rugby à 13 à deux vitesses, la première faisant partie d’un monde professionnel appartenant à nos amis britanniques et pour laquelle nous ne sommes qu’invités, et ensuite notre rugby, celui qui attire peu de sponsors, peu de spectateurs, peu de licenciés, de moins en moins de bénévoles, mais qui pour autant reste celui dont notre Fédération est responsable.

Je ne suis pas sûr qu’à vouloir décerner à tout prix un titre de Champion de France dans toutes les catégories, nous ne mettions pas en difficulté financière certains clubs. La récompense régionale autoriserait peut-être plus de création ou de renaissance de clubs, car moins de frais dans les transports. Une idée comme une autre…. Et les autres, me direz-vous. Tous ces clubs, et ce quelle que soit la division, qui peinent à boucler les budgets, mais qui pour la rançon de la gloire, s’obligent à exister par tous les moyens, mettant même parfois en péril l’identité de l’association, car dois-je le rappeler, notre sport a le label Professionnel, mais pour autant, tous les clubs sont régis par la loi 1901, soit la loi des associations.

Nos budgets de division Fédérale à Elite 1 ne sont certainement pas aussi conséquents que ceux de nos « cousins », pour autant pour notre haut niveau, cela correspond à des budgets de petites et moyennes PME. La conquête du Graal peut parfois rendre fou, et nous avons tous en tête l’exemple de clubs qui se sont autorisés à vivre au-dessus de leurs moyens financiers, mais qui rapidement ont subi les foudres de la ruée vers l’or…

Notre fédération se doit d’imposer un cahier des charges (adapté) à tous les clubs et ce quelle que soit la division, et sans respect de celui-ci, ne devrait pas accepter l’engagement du club. Mais que pourrait-elle proposer d’autre pour le bon fonctionnement et la viabilité dans le temps de notre discipline…

Tout d’abord, si tous nos jeunes talentueux, capables de battre des adversaires redoutables dans les équipes de France jeunes, ne trouvent pas de clubs professionnels pour assouvir leur passion, je pense que toutes les divisions Seniors devraient se voir imposer de cocher 2 U19 par feuilles de match. Car à aujourd’hui, seuls les clubs qui ont des problèmes financiers s’obligent à faire jouer leurs jeunes dans des matchs importants. Cocher deux U19 oblige par conséquent d’avoir 5 ou 6 U19 capables d’évoluer dans cette catégorie. De facto, notre Fédération pourrait imposer deux joueurs étrangers maximum par feuilles de match pour l’Elite 1, et un maximum pour les autres divisions.

Oui, je sais, moins de joueurs étrangers, donc un niveau en baisse, me direz-vous, peut-être bien que oui… Peut-être bien que Non, et alors… Cela va-t-il faire diminuer le nombre de spectateurs dans les stades, certainement pas, car hormis un ou deux clubs, les autres n’ont pas des files d’attentes aux guichets, qui autorisent à patienter des ¼ d’heure. Par contre, je serai à penser que faire jouer des U19 que les familles ont suivi toutes leurs jeunes carrières, pourraient amener de nouveaux visages dans les tribunes ou gradins, et pourquoi pas de belles rencontres pour l’avenir.

Passer de 4 à 2 joueurs étrangers par clubs, c’est de façon mécanique, économiser entre 70 et 90 000 euros minimum sur la saison. Alors pourquoi ne pas imposer aussi à tous les clubs d’Elite 1 de participer à hauteur de 10 000€ annuel pour la rémunération des arbitres, et ce afin d’inciter des jeunes à venir plus nombreux à l’arbitrage et à accepter la concurrence et la catégorie par niveau. Sachant qu’une classe Sport étude Arbitres pourrait aussi être mise en place en parallèle avec une classe Sport étude Joueurs, la complémentarité dans la même classe, sur les mêmes aptitudes physiques d’endurance et la même compréhension des règles de jeu.

Vous serez nombreux à avoir d’autres idées géniales pour la survie de notre discipline, j’en reste persuadé, mais me concernant, je pense que pour atteindre son objectif, la Fédération ne doit plus accepter le chantage des clubs, et se doit d’être dans l’anticipation et la rigueur de ses actes.

Je ne suis ni révolté, ni dissident, je suis juste un Passionné…

Bruno Cousinié