Le rugby à XIII est-il le vrai rugby ?

Une telle question est évidemment un pavé dans la mare, et les adeptes des différentes versions du rugby auront chacun leur mot à dire pour défendre leur version préférée.

S’il est difficile de dire s’il existe un vrai rugby par rapport aux autres, il est par contre possible de comparer les différents rugbys entre eux afin de voir lequel offre le plus de plaisir et de jeu, à la fois aux acteurs du ballon ovale qu’au public. Et là, les différences sont plus frappantes et une certaine hiérarchie apparaît entre rugby à XIII, rugby à 7, rugby à 9, beach-rugby et rugby à XV. Pour comparer ces 5 versions, nous répartirons chaque spécificité d’un match de rugby dans des catégories inspirées d’une partie de poker afin de déterminer leur importance.

La distribution des cartes : les points

Au poker, il est bien connu que ce n’est pas tant la valeur des cartes que celle du joueur qui importe, du moins sur le long terme. Pour retransposer cela dans le monde du rugby, on pourrait dire qu’en effet le compte des points est différent d’une version à l’autre, mais que cela ne change au final pas l’objectif d’un match qui reste le même dans tous les cas : marquer plus de points que l’adversaire. Au rugby à XIII, un essai vaut 4 points, une transformation et une pénalité valent toutes deux 2 points et un drop 1 point. Son petit frère du rugby à 9 décompte les points de la même manière alors que du côté du rugby à 7, on utilise le même pointage que dans le rugby à XV avec 5 points pour un essai, 2 points pour une transformation et 3 points pour une pénalité et un drop. Enfin, dans le très spécifique beach-rugby, seuls les essais comptent et ne valent qu’un point, à la manière d’un but au football. La seule différence notable reste donc la bien plus faible importance du drop dans le XIII et le 9 comparée au XV et au 7.

La mise et le flop : tenu contre mêlée

Une main au poker se déroule toujours de manière assez similaire où les joueurs misent une certaine somme d’argent que les autres joueurs doivent suivre, dépasser ou se coucher pour ensuite pouvoir dévoiler le flop, soit les 3 cartes du milieu communes à tous les joueurs. Ceci est le cœur du poker, tout comme avancer dans le terrain est le cœur du rugby et pourrait s’apparenter aux mises, avec les tenus et mêlées plus semblables au flop, car ce sont les moments vraiment décisifs.

Mais là, les différences sont plus notables et des écoles différentes se détachent nettement. Au rugby à XIII, l’important n’est pas d’avoir la plus grosse densité physique pour arracher des ballons au sol et progresser grâce à une bonne mêlée, mais plutôt de faire preuve d’une bonne stratégie et d’un placement pour parvenir à marquer un essai en 5 tenus. Il faut donc savoir prendre des risques et jouer intelligemment, et ne pas tout miser sur la force physique. Étonnamment, c’est peut-être le beach-rugby qui se rapproche le plus de cette vision du jeu où on a droit là aussi à 5 tenus pour marquer. Le rugby à 9 suit également des règles similaires, mais offre bien plus d’espaces aux sprinters pour s’exprimer. Ce système de tenu, pouvant rappeler celui du football américain, n’existe pas dans le rugby à XV où la bagarre physique est bien plus présente et offre un jeu plus haché et plus violent, ni dans le rugby à 7 où cette fois seuls les plus rapides peuvent gagner. Le rugby à XIII apparaît donc là comme le juste milieu, entre le physique du XV, la vitesse du 7 et le fun du beach.

Un rugby un peu différent

La turn : la touche

Au poker, la turn désigne la quatrième carte du flop. Elle est en général la carte qui bouleverse le moins les stratégies, car ceux qui n’avaient rien sont déjà couchés, ceux qui avaient quelque chose ont toujours quelque chose, et ceux qui bluffent vont vouloir aller jusqu’au bout. Au poker, la turn pourrait se rapprocher de la touche, qui n’a pas forcément une grande importance. C’est en tout cas vrai pour le rugby à XIII et à 9 où elle n’est, comme au foot ou presque, qu’une simple remise en jeu ou remplacée par une mêlée rapide, alors qu’elle n’existe même pas dans le beach-rugby où le ballon est remis au centre du terrain dans un tel cas. Par contre, dans le rugby à XV, la touche a son importance et se résume de nouveau à un affrontement physique qui tend à ralentir le jeu, le même reproche peut être fait à une échelle moindre au rugby à 7.

La river : le jeu en général

La river est la dernière carte du flop au poker, c’est le grand tournant qui détermine bien souvent le destin de la partie. C’est celle qui vient appuyer un bluff ou celle que l’on attendait contre tous les pronostics pour avoir la main parfaite de Texas Hold’em. Au rugby, cette carte pourrait être représentée par le jeu lui-même, car, au final, c’est bel et bien lui qui déterminera le meilleur rugby. Bien sûr, tout est relatif et tout dépend de ses propres préférences. Ainsi, si l’on préfère le jeu pour le fun, avec moins de contacts dangereux, on privilégiera le beach-rugby où les plaquages sont plus calmes et les matchs très courts. Si l’on préfère le jeu rapide, les grandes courses et le jeu au pied, on se tournera plus facilement vers le rugby à 7, ou même celui à 9, où il y a le plus d’espace. Si on est plus passionné par le combat physique, la bataille rangée et l’effort collectif, c’est le populaire rugby à XV qui sera plébiscité. Mais si on aime un peu tout cela, un savant mélange de force, de rapidité et de stratégie, c’est le rugby à XIII qui devrait avoir notre préférence, celui dont tous les autres rugbys se sont inspirés et qui est, en vérité, le vrai rugby.

Treize Mondial