France U19, Yohan Lorenzo au coeur de l’épopée serbe #6
Rencontre avec Yohan Lorenzo, coach mental, qui intervient auprès de l’équipe de France U19 avant la Coupe d’Europe en Serbie.
Yohan, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Yohan Lorenzo, j’ai 30 ans, je suis capitaine des sapeurs pompiers et responsable formation RH et service technique d’un groupement territorial. Cette année j’ai passé un diplôme universitaire de coaching et performance mentale. Cela m’a rapproché de l’équipe juniors du SO Avignon puis de l’équipe de France.
Quel est ton parcours pour devenir coach mental ?
J’ai fait beaucoup de sports étant jeune, notamment du BMX pendant 10 ans et des sports de combat. Ensuite dans l’exercice de ma profession, j’ai suivi une formation où l’on parlait de coaching et d’accompagnement individualisé et j’ai aussi rencontré une personne qui avait fait cette formation. C’est tout cela qui m’a fait franchir le pas pour passer mon diplôme.
Comment es-tu devenu coach mental des U19 d’Avignon puis de l’équipe de France ?
Un de mes collègues à la caserne connaît l’entraîneur du SO Avignon et je l’ai donc contacté pour lui présenter ce que je pouvais apporter à lui et à son équipe. On a validé le projet et ensuite mon action a été mise en place sur quatre mois. Puis j’ai été en contact avec Florian Chautard, manager des U19, et j’ai pu lui présenter ma vision qu’il a validé également.
Quelles sont tes principales missions auprès des joueurs ?
Mon travail est beaucoup plus avec les leaders, car mon rôle est de les rendre autonome. Le premier leader d’un groupe, c’est l’entraîneur, c’est ma première porte d’entrée. Je lui présente le projet et ensuite je fais un suivi avec lui et un travail sur son leadership. Après le coach, ce sont les leaders du terrain, notamment le capitaine pour qu’il soit le relais du message de l’entraîneur, et que la communication soit fluide et pas un obstacle pendant les matchs. Travailler avec les leaders c’est mon travail principal.
Ensuite il y a un travail de préparation mentale collective. Je leur présente ce qu’est une performance mentale et en découle des exercices. Comme celui de la vidéo sur la plage, c’est un entraînement collectif mental, on a fait de la respiration abdominale, de l’imagerie et des protocoles de gestion de la douleur. Enfin il peut y avoir des joueurs qui me sollicitent à titre individuel pour faire une petite séance sur une problématique qu’ils ont.
L’entraîneur et les joueurs de l’équipe de France U19 ont-ils été réceptifs ?
Oui je les ai trouvés très réceptifs. J’essaye de m’adapter au maximum à mon public et à ses besoins. Avant et pendant mon intervention, ils ont rempli plusieurs questionnaires qui m’ont permis d’adapter mes apports en fonctions des retours. Mon intervention est très participative pour qu’elle ait du sens.
Quelle est, grosso modo, la part du mental dans une performance sportive en général ? Et pour un joueur de XIII ?
C’est une très bonne question mais c’est très dur à quantifier dans une performance globale. Car en plus de ce que je vous ai dit, on a aussi travaillé la cohésion d’équipe pour construire une identité au groupe, c’est très important pour moi. Mes interventions permettent de travailler sur des petits détails qui font passer du haut niveau au très haut niveau et ce n’est pas forcément perceptible mais c’est ça qui peut faire la différence. Je leur donne des outils pour arriver à gérer leurs erreurs et se reconcentrer plus rapidement par exemple. C’est difficilement quantifiable et perceptible mais cela a une vraie importance à des moments clés d’une performance sportive.
En France on a beaucoup de retard sur d’autres pays pour le coaching mental dans le sport. Comment est-ce que tu l’expliques ?
Je n’ai pas de chiffres quantifiables mais je sais qu’il y a beaucoup de sportifs qui en ont mais qui ne le disent pas. Il y en a de plus en plus dans les clubs de haut niveau mais on en parle pas forcément. À titre personnel, je pense que les outils de performance mentale devraient être enseignés bien plus jeune, avant même l’adolescence. Faire de l’imagerie ou de la respiration abdominale pour se calmer ou se poser, ce sont des choses que l’on peut faire bien plus tôt. Cela ne serait pas pour augmenter les performances des jeunes mais juste pour qu’ils se sentent mieux et qu’ils apprennent à se connaître. Avec le coaching mental, on se met un peu en danger, on va dans des zones dans lesquelles on n’a pas forcément envie d’aller.