
Didier Meynard, la formation pour structurer le XIII français
Rencontre avec Didier Meynard, ancien joueur de rugby à XIII, qui entraîne Baho XIII depuis 10 ans en s’appuyant sur une politique basée sur la formation.
Didier, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 57 ans et je suis entraîneur de Baho XIII depuis 10 ans. Avant cela j’ai entraîné les juniors de l’UTC et les seniors du Barcarès. Cela fait maintenant 28 ans que je suis entraîneur.
Quel est votre parcours de joueur avant de devenir entraîneur ?
J’étais demi d’ouverture jusqu’à mes 28 ans mais j’ai dû arrêter ma carrière à cause d’une blessure à un genou. J’ai joué à Saint Esteve, au Barcarès et à Baho.
Quel type d’entraîneur êtes-vous ? Quelle est votre philosophie de jeu ?
J’aime le jeu de passes, que les joueurs utilisent toute la largeur du terrain et j’apprécie également le défi physique. Pour résumé, j’aime le rugby complet comme peuvent proposer les Strorm de Melbourne. Je suis très stricte pendant les entraînements et les matchs mais une fois que nous ne sommes plus sur le terrain j’enlève ma « carapace » et je suis très disponible, je parle beaucoup avec mes joueurs.
Quels seront les objectifs de l’équipe en élite 2 cette saison ?
Nous visons le titre de champion de France ! Cela fait 10 ans que nous sommes aux premières places de l’élite 2 avec notamment 6 finales et un titre de champion de France en 2014. La saison dernière nous perdons en finale de très peu contre Villefranche Aveyron, nous aurions pu la gagner.
Quelles sont les problématiques que rencontre un entraîneur d’élite 2 au quotidien avec ses joueurs ? Comment faites-vous face à celles-ci ?
Honnêtement je n’ai pas beaucoup de problèmes, au niveau du recrutement, les joueurs viennent d’eux même. Il y a 10 ans, quand le club a été relancé, nous avions 17 joueurs et aujourd’hui nous sommes plus de 300 licenciés et nous avons toutes les catégories de représenter.
Le seul problème que je vois c’est au niveau des structures et du stade. Nous en avons qu’un seul et nous devons le partager avec le football. Du coup nous devons nous entraîner une fois en même temps que les cadets et une autre en même temps que les juniors.
Baho est reconnu pour être un club formateur, pourquoi faire ce choix ? Est-ce compliqué de mettre en place une politique de club basée sur la formation dans le XIII français ?
C’est la politique de la présidente et j’adhère complètement ! Je préfère que l’on travaille avec de bons éducateurs pour former des jeunes plutôt que de recruter des joueurs étrangers ! Je pense vraiment que dans le championnat français il y en a trop et que l’on pourrait utiliser cet argent autrement, pour former des jeunes notamment. Aujourd’hui nous avons beaucoup de jeunes qui viennent chez nous car ils savent qu’ils sont bien encadrés avec des éducateurs qualifiés et reconnus. Actuellement nos équipes minimes et cadets sont entièrement formées à Baho et en équipe première nous avons une dizaine de joueurs issus de la formation. Le travail paye mais cela ne se fait pas du jour au lendemain, c’est un travail sur 10 ans que nous avons réalisé avec la présidente.
Quels sont les chantiers indispensables au développement du XIII en France ?
Il faudrait un championnat Elite fort et mieux structuré, réaménager les stades pour que les supporters aient envie de venir aux matchs et également former des jeunes. On voit avec les Dragons le niveau international, c’est très bien mais autour il faut restructurer un championnat de France.
Comment imaginez-vous le XIII en France dans 10 ans ?
J’espère qu’il sera sorti de l’ombre ! Déjà si l’équipe de France pouvait faire une belle Coupe du Monde cela serait un beau tremplin. L’erreur du XIII, c’est de vouloir des résultats très vite sans rien structurer. J’espère que nous aurons pris conscience de cela d’ici 10 ans. Regardez Baho il y a 10 ans et maintenant, comme quoi on peut en faire des choses si on les structure ! Il faut savoir être patient et bien travailler.
Un mot sur la Coupe du Monde qui va débuter, comment voyez-vous les bleus ? Quel est votre favori pour la victoire finale ?
Les favoris c’est l’Australie mais je mettrais une belle pièce sur le Tonga qui a vraiment une belle équipe. Concernant l’équipe de France je fais confiance à Aurélien qui a mis de l’ordre et des plans de jeu en place en arrivant. Nous souhaitons tous qu’ils fassent un quart de finale donc il y a un match important à gagner, c’est contre le Liban. Bonne chance les gars !