Cristina Song Puche : « Le secret de toute victoire est le travail »
Nous avons rencontré Cristina Song Puch, joueuse franco-espagnole, qui nous parle de son passage en France et de son départ en Australie.
Cristina, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Cristina, j’ai 29 ans et je suis espagnole de naissance. Je suis professeur d’espagnol en France et officiellement française depuis le 25/06/2018. J’ai découvert le rugby à XV et VII à l’université d’Alicante en 2009 et 2-3 ans après sous l’ambition d’intégrer l’équipe nationale d’Espagne, j’ai déménagé en France pour m’améliorer. J’ai réussi au final à faire deux saisons en équipe d’Espagne à VII avec quelques World Series joués.
J’ai ensuite connu le rugby à XIII au sein des Déesses Catalanes. Ce sport m’a beaucoup appris et apporté en tant que joueuse. J’ai réussi à développer des qualités nécessaires pour pouvoir pratiquer ce sport. Avec l’objectif de pouvoir participer à la Coupe du monde en 2017 je suis allée jouer en Nouvelle-Zélande avec le club champion en titre des Manurewa Marlins, ce fut une expérience fantastique et enrichissante niveau humain et rugby. J’ai finalement atterri à Lyon, où j’ai pu accompagner un groupe jeune qui venait de monter en Elite pour la première saison.
Tu as été blessée, comment te sens-tu physiquement ?
Ce fut un moment très dur dans ma vie de sportive, j’ai pris le temps de me soigner, j’ai eu la chance d’avoir la possibilité de faire ma rééducation au sein du CERS du Cap Breton. Il faut aussi se dire qu’outre le combat physique il y a le combat psychologique qui n’a pas toujours été facile à certains moments de ma convalescence. Aujourd’hui je me sens bien, je n’ai pas encore retrouvé toutes mes aptitudes à 100% au niveau de ma jambe mais je vois le bout du tunnel arriver. Les Trials sont pour la semaine prochaine pour nous et j’ai pu faire les séances à plaquer sans douleur ce qui est bon signe. Le secret de toute victoire est le travail, et comme d’habitude je m’entraîne dur pour pouvoir revenir à mon meilleur niveau.
Pourquoi avoir décidé de partir en Australie ?
Je suis venu en Australie dans un premier temps par amour, j’ai rejoint mon petit ami. Et puis je me suis dit comment pourrais-je ne pas tenter de jouer à XIII dans le pays du rugby à XIII en Australie ? C’était un beau challenge pour moi de pouvoir jouer dans l’équipe championne d’Australie l’année dernière.
Tu as rejoint une équipe championne dans sa division l’an passé, comment se passe ton adaptation ? Penses-tu pouvoir décrocher un contrat ?
L’équipe est super, on a un très bon staff. Ma coach, Tahnee Norris, est une ancienne joueuse de l’équipe d’Australie, elle a plein de sélections et elle arrive à bien nous transmettre son expérience. Honnêtement je suis impressionnée du niveau de toutes les filles de mon équipe. Je n’ai jamais été dans une équipe avec un niveau aussi élevé tant sur le plan physique que technique. Toutes s’investissent énormément, pour vous dire on est en pré-saison depuis décembre, c’est la première fois que j’en fais une aussi longue. Comme ça c’est impossible de ne pas être en forme, car même si j’ai l’habitude de m’entraîner beaucoup et dur, je dois avouer qu’ici « j’en chie » ! Dans mon club, les « Bears » de Burleigh, Il y a 6 filles qui jouent en NRL, des filles des équipes nationales à XIII, à 9, à 7 et à XV. 6 ont été prises pour jouer le All Stars Indigenous vs Maori.
En gros, je suis entourée de très très bonnes joueuses, donc je suis sûre qu’elles vont me tirer vers le haut. En tout cas je vais essayer d’apprendre au maximum d’elles. Je me sens bien intégrée dans l’équipe, je ne sais pas encore quelle position ils aimeraient me faire jouer, ils m’ont parlé de la possibilité de jouer à l’ouverture. Mais bon, comme je leur ai dit, même s’ils veulent me faire jouer pilier tant que je suis sur le terrain tout me va.
En fait dans mon club on ne fait pas de contrats aux joueuses, c’est comme en France. Je crois que dans d’autres clubs ils en font mais les joueuses ne sont pas payées pour autant. Moi ça m’intéresserait par rapport à mon visa, dans le cas où je déciderais de rester plus d’un an ici. Mais pour moi le gros challenge serait de réussir à gratter une place en NRL. Je suis consciente que la barre est très haute, mais qui ne tente rien n’a rien.
Envisages-tu de revenir en France un jour ? Et est-ce qu’en étant en Australie, la sélection française peut quand même t’intéresser ?
En Australie il fait bon et il y a du très bon rugby, mais je pense qu’il est fort possible que je rentre en France pour la saison prochaine. En effet, je continue à viser la sélection en Equipe de France, et je dois encore une fois faire mes preuves si je veux tenter une place pour la prochaine Coupe du monde. C’est aussi dur d’être éloigné de tous ses proches, de sa famille de ses amis. Et puis qu’on se le dise la nourriture française me manque aussi.
Selon toi que manque-t-il au XIII féminin pour devenir un sport de premier plan en France ?
En France il manque de la visibilité pour qu’il y ait plus de licenciées. Peut-être qu’en promouvant davantage le rugby tag et le rugby touch, les personnes n’ayant jamais fait du rugby et qui appréhendent le placage, seraient plus ouvertes à découvrir ce beau sport. Après, l’idéal serait d’avoir des contrats pour devenir au moins semi-professionnels, cela motiverait encore plus les sportives à se mettre au XIII, mais quand je vois que même ici, en Australie, ce n’est toujours pas en place je n’ai pas trop d’espoir que ça puisse arriver en France dans un futur proche. Et puis un peu de considération ne ferait pas de mal au sein du rugby à XIII français.