Christophe Jouffret : « C’est la victoire de beaucoup de monde »

Au lendemain du sacre des Dragons Catalans en Challenge Cup, Christophe Jouffret nous a livré ses premières impressions. 

Christophe, on imagine une joie immense suite à ce sacre ? Peux-tu nous raconter tes 72 dernières heures ?

C’était dur à imaginer, tout est allé très vite depuis qu’on s’est qualifié en battant St Helens. Vendredi on est allé au Captain Run à Wembley dans un stade vide mais déjà impressionnant… Il y avait une vraie rigueur pour l’organisation de cet entraînement et un grand nombre de journalistes, c’est là qu’on a commencé à prendre la mesure de ce qu’était cette finale. Ensuite on a aussi vu que la BBC faisait aussi une bonne couverture de l’événement avec plusieurs messages dans les différents journaux télévisés, petit à petit on comprenait ce que ce match représentait.

Samedi il y a eu ce déplacement en bus jusqu’au stade avec les joueurs, c’est émouvant d’arriver à Wembley et encore une fois tout va très vite ensuite, on sort voir le stade on voit la chorale chanter Els Segadors. Tout s’enchaîne, j’ai le sentiment d’être un peu poussé par l’événement, l’organisation et le protocole. Je me retrouve assis à côté de Bernard Guasch dans les tribunes. Le voir amener l’équipe sur le terrain, les hymnes, la Marseillaise, le God Save the Queen, c’est vraiment très émouvant.

Le match commence et on est à peine assis que Lewis Tierney marque en coin. Je n’ai pas arrêté de regarder le tableau d’affichage car même si on était devant, Warrington avait le ballon et  pouvait revenir. Même quand il restait deux minutes j’avais du mal à y croire et ensuite c’est une explosion de joie. Même encore ce matin, malgré tous les articles de presse ou tous les messages qu’on reçoit, on a du mal à réaliser ce qu’on a fait. Cette nuit à l’aéroport il y avait un monde fou, c’est une consécration pour le club qui est encore très jeune mais aussi pour le rugby à XIII français, j’ai reçu plein de messages des clubs que je remercie. On a aussi reçu des messages de clubs anglais pour nous féliciter donc cela prouve la fraîcheur que l’on apporte à cette compétition.

Cette fin de match a été irrespirable, Warrington pouvait revenir, comment l’as-tu vécu ?

C’était très stressant, je me suis dit c’est pas possible, ils vont marquer un essai transformé, on va aller aux prolongations, ils vont marquer un drop et on aura été près de soulever la coupe sans pouvoir le faire. Je m’imagine cela sans être négatif mais tellement on a dû travailler pour en arriver là qu’on a peur que ça tourne en notre défaveur. Les dernières minutes ont été très longues, Warrington avait le ballon et mettait la pression mais on a jamais cédé, on a été présent en défense pour tenir. Et puis la corne sonne, c’est énorme, les larmes viennent et je réalise des tas de choses, toute cette persévérance dans le travail, croire en l’entraîneur et en l’équipe malgré le début de saison… C’est un bon virage pour le club !

C’est la victoire de tout le club mais aussi celle de Steve McNamara qui a été beaucoup décrié depuis son arrivée ?

C’est la victoire de beaucoup de monde, en premier je pense à Bernard Guasch qui dans l’adversité et la solitude a toujours mené le cap, il a drainé du monde autour de lui, ce qu’il a fait est énorme.

Et puis un grand Merci à Steve, il est arrivé dans des conditions difficiles l’an dernier avec une équipe dans un mauvais état et des joueurs qu’il n’avait pas choisis. Il a de suite travaillé pour réussir à sauver l’équipe. Ensuite il y a eu cette intersaison difficile où il n’a pas eu son effectif dès le départ. Il a fallu travailler pour faire adopter son nouveau système, le début de saison a été compliqué avec de mauvais résultats. Le club a décidé de toujours croire en lui et en son staff qui fait un boulot énorme à ses côtés, que ce soit sportif ou médical. Il a réussi à créer une équipe qui tient la route, on a évité les blessures par rapport aux autres saisons.

Et la force de cette équipe est mentale, tous les joueurs sont solidaires. Moi qui les vois au quotidien on s’aperçoit qu’il y a une très bonne synergie entre les jeunes français et les étrangers qui ont plus d’expérience, il y a une vraie osmose et cela a payé ce week-end. Et c’est Steve qui a réussi à faire cela en gardant le cap dans les moments difficiles.

Nicolas Jacquemard