Ce statut semi-professionnel qui plombe l’Élite 1
C’est dans les tuyaux de la fédération, une Elite professionnelle. Si le XIII en France veut mettre fin à la stagnation, c’est indispensable.
En 2022 on a encore le droit de rêver, on en a même le devoir, alors je fonce.
Depuis plusieurs décennies maintenant, le plus haut niveau de notre championnat français est semi-professionnel. Cela fonctionne depuis des années, avec ses défauts et ses limites, défauts et limites qui, selon moi, sont insurmontables sans un changement de statut.
Dragons Catalans et Toulouse Olympique, nos deux clubs pros
Ces dernières années, deux clubs ont décidé de devenir pleinement professionnels, les Dragons Catalans et le Toulouse Olympique. Deux projets qui visaient l’Angleterre, bien sûr, mais autant si ce n’est plus par nécessité qu’envie. Quel intérêt à être seulement deux clubs pros dans un championnat ? Lorsque Catalans et Toulousains ont mis les moyens juste avant leurs accessions dans les compétitions anglaises ils ont fini champion de France. L’argent ne fait pas tout mais tout de même ça aide.
Meilleure préparation, meilleurs joueurs, meilleur spectacle
Sportivement, le gain est évident : les joueurs sont 100% concentrés sur leurs performances et leur santé. On améliore ainsi la qualité de jeu, le spectacle et forcément le niveau des joueurs. On ne peut plus se permettre comme aujourd’hui, d’avoir des joueurs non disponibles pour raisons professionnelles à l’entraînement ou certains weekends. On ne peut pas se permettre d’avoir des joueurs qui ne sont pas pleinement préparés physiquement ou mentalement pour pratiquer un sport toujours plus exigeant. Et surtout, on ne peut pas se permettre d’avoir sur le même terrain des joueurs pleinement pros qui s’entraînent tous les jours et des joueurs qui travaillent 35h et font deux ou trois entraînements par semaine.
Plus de clarté, moins de bricolages financiers
Ces différences, elles sont également financières, entre les joueurs et entre les clubs. Ce statut ambigu entraîne des situations ambiguës. Je ne jette pas la pierre aux clubs (Lézignan par exemple) qui utilisent les outils qui sont en leur possession pour faire la meilleure équipe possible. Il est évident que nous sommes heureux de voir jouer James Maloney et d’autres dans notre championnat, mais le flou sur leurs contrats et la possibilité d’empiler les « anciens pros » à moindre coût peut poser problème. Si cela passe pour un ancien Dragon ou joueur du TO, qu’en est-il d’un joueur qui sortirait d’un contrat professionnel avec un club d’Élite pour aller toucher le chômage et des frais de déplacements dans un autre club d’Élite ? Je rappelle une dernière fois qu’il ne s’agit pas là de jeter la pierre aux clubs qui bricolent avec ce qu’on leur donne aujourd’hui mais pour la fédération de créer un cadre simple strict et le plus juste possible.
Il existe des barèmes financiers pour les montants des transferts, pourquoi ne pas faire de même pour les salaires des joueurs. Il serait logique qu’un club dépense plus pour ancien joueur de NRL ou Super League que pour un joueur d’Élite international qui lui-même coûterait plus cher qu’un non international, etc. Pas de problème pour qu’un club ait une armada de joueurs de haut niveau, mais il faut que ça leur coûte plus cher que ceux qui en ont moins, logique.
Promotion, communication et monétisation
Mais attention, pour cela il faut également un environnement professionnel, pas question de mettre 80% de son budget dans les salaires des joueurs. Ce spectacle, il faut être capable de lui donner un beau packaging, de le diffuser et de le vendre (et pas forcément à la télévision classique). Tout ceci, pour être efficace, demande plus que du bénévolat. Ils ont tout mon respect et sont indispensables mais on parle ici d’un cap à franchir dans le professionnalisme. Nous l’avons tant répété sur Treize Mondial mais il y a tant de possibilités pour être visible aujourd’hui, qu’il est interdit de passer à côté. Mais cela est également un métier et demande un peu plus de compétences que celles de la petite nièce qui fait des vidéos TikTok.
Oui, à court terme c’est possible
Il est probable que tout ce qui précède soit évident et enfonce des portes ouvertes, que tout le monde n’attend qu’un gros chèque tombé du ciel pour lancer le projet, mais ce chèque ne tombera pas du ciel et je pense qu’il est déjà possible, dans l’état actuel des choses d’avoir un championnat professionnel. Cela dit, il y a forcément un prix à payer et des concessions à faire. Si la fédération décide d’instaurer un cahier des charges strict (reprenant ou pas ce qui est dit dans cet article), il est évident que tous les clubs actuels ne pourront y répondre dans l’instant. L’important, à mon avis, sera de rester ferme, quitte à perdre des soldats en route. Comme je suis têtu, ceux qui m’ont déjà lu le savent, il vaut mieux avoir un championnat 100% pro, peu importe le nombre de clubs ou la durée du championnat et de préférence l’été. Personne ne remet en cause le succès populaire de la France Rugby League à l’époque (1 mois de compétition, 17 matchs, 6 000 spectateurs de moyenne). Une préparation de janvier à mars, une saison au printemps et des phases finales en été, et des joueurs disponibles pour compléter les effectifs de Super League en fin de saison si besoin.
Bien sûr, condition sine qua non, la mise en image et la diffusion de l’ensemble de la compétition qui doivent être centralisées. La compétition se doit d’avoir son accès, probablement gratuit au départ. Le succès passe par l’image, aujourd’hui plus que jamais et notre sport est capable d’en produire de belles.
Très intéressants les commentaires derrière Julien CASTAGNET. Visionnaires? Non, réalistes. C’est à dire en réalité avec les temps actuels. Va falloir y arriver. Mais ne pas oublier la formation, les jeunes, dans des structures (Centres de Formation) ou bénévolat. Avec la Coupe du Monde 2025 qui se profile et donc une compétition à trois têtes: élite, jeunes et fauteuil, voilà l’opportunité de prendre le train en marche..
Bonne année à tous
Merci Julien. C’est toujours un plaisir de te lire. Quand te présentes-tu à la présidence de la FFR13 ? Smiley !
Je suis arrivé dans le XIII après l’épisode FRL. Il semble qu’il y avait du bon.
Vivement les états généraux et un plan sur 3 ans pour arriver à une CDM dans les meilleures conditions possibles : championnat pro, féminines semi pro, fauteuil.
Qui s’occupe de la prospective à la FFRXIII ?
Je voudrais ajouter que si l’Australie et l’Angleterre ont un championnat professionnel qui tient la route c’est parce qu’ils ont derrière une multitude de clubs amateurs ce qui est loin d’être le cas chez nous
C’est possible mais je ne pense pas que ce soit indispensable en 2022. Le foot US aux Etats-Unis n’existe pas en dehors du sport professionnel par exemple. Je pense que nous avons un vivier suffisant pour nourrir une Elite pro.
D’accord en (très) grande partie sur l’article mais pas là dessus. Il est nécessaire d’avoir un vivier de joueurs amateurs, ne serait-ce que juniors (au sens large), pour faire éclore des pros. Dans les systèmes anglosaxons, cela passe par les équipes scolaires et universitaires pour les jeunes (ou des systèmes hybrides). En France, on fonctionne en associations, on ne peut pas se passer de ce système. Mais cela passe aussi par des formes de pratique adultes amateurs qui existent bel et bien. Elles sont cependant le plus souvent des formes édulcorées: softball, touch, basket 3*3…et organisées de manière plus décentralisées.… Lire plus »
Je suis tout à fait d’accord tout cela, je disais juste qu’avec nos petits moyens d’aujourd’hui nous avons des équipes de jeunes performantes dans les matchs internationaux et que donc le vivier est en partie là et qu’il leur manque des structures pros qui les prennent en charge jeunes.
Mais ce développement du sport amateur sur du Touch par exemple est essentiel et il fera grossir le vivier évidemment.
Le championnat doit avoir une certaine durée, sinon les gens vont voir ailleurs si l’intersaison est trop longue, quant à la formule « tant pis si nous perdons quelques soldats en route » elle me semble inadéquate au moment où nous perdons de plus en plus de clubs dans les séries amateurs . L’autre risque est de voir une fuite en avant financière pouvant conduire à la faillite (voir le foot à Perpignan il y a quelques dizaines d’années) et à la disparition de clubs
Tout a fait d’accord avec l’article notre sport se doit d’avoir un championnat professionnel sa ne pourra que tirer tout le monde vers le haut.
1 équipe en pays Catalan autour de la réserve des Dragons auquel on ajoute les meilleurs joueurs catalans quelque soit leur âge, 2equipes audoises ( base Fcl, Carca, Limoux), 1 équipe réserve TO + Albi, 1 équipe méditerranéenne base Avignon, 1 équipe Aquitaine, base Villeneuve et une équipe parisienne .on permet à ces équipes de consolider avec maximum 3 étrangers.. On est déjà à 7 équipes, ça me semble vraiment possible, mais il va falloir mettre les égo de quelques dirigeants d’aujourd’hui de côté et ça c’est pas gagné. Mais vous avez raison on ne peut plus continuer comme actuellement.
Complètement d’accord avec toi le 13 il faut que la Fédération et les clubs d’Elite se bouge pour faire un championnat professionnel ! ….