Carlos Varela, président de la fédération Argentine
Nous avons pu nous entretenir avec le président de la fédération argentine, Carlos Varela, qui dresse un bilan sur la situation du rugby à XIII en Argentine et les perspectives à venir.
Bonjour Carlos, tout d’abord, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Sans parler de protocole, je peux dire que je suis un « fanatique de rugby », Vous pouvez trouver mon CV complet sur Facebook et vous verrez ma trajectoire dans ce merveilleux sport. J’ai passé une grande partie de ma vie sur les terrains de rugby, jouant, entraînant, pour différentes équipes. J’ai fait la connaissance de nombreux joueurs des deux codes. Mais je n’aime pas trop parler de moi, parce que je crois en l’équipe, je ne suis pas un surhomme, et n’ai pas fait tout cela seul.
Comment se développe le rugby à XIII en Argentine ?
Le bilan sur ces 3 ans, depuis la date de création de la fédération, est positif. Depuis notre exhibition avec le Club Defensores de Miramar, beaucoup de joueurs ont rejoint notre sport. Notre première expérience s’est jouée à 6 contre 6, par la suite nous avons pu jouer à 9 et enfin depuis 2017, nous sommes arrivés à jouer à 13.
Existe-t-il un championnat en Argentine et combien d’équipes le compose ?
Notre compétition est assez atypique, je vais vous expliquer. Nous sommes dans un milieu qui est géré par la fédération de rugby à XV. Il nous est donc très difficile de maintenir un championnat stable. C’est pour ce motif que nous jouons l’été, lorsque les championnats à XV sont terminés et que les joueurs viennent à XIII pour prolonger leur saison, et beaucoup de joueurs de XIII proviennent du XV.
Et c’est là que se pose la question essentielle : Pourquoi ne jouent-ils pas uniquement à XIII ? Très simple et cela découle des interrogations suivantes :
La jeunesse sportive connaît elle le rugby à XIII ? Ceux qui viennent du XV ont-ils déjà vu du XIII ? Y a-t-il du rugby à XIII diffusé en Argentine ?
La réponse est NON ! Par contre les joueurs reconnaissent préférer le XIII au XV une fois qu’ils l’ont pratiqué.
Avec le bouche à oreille, mes visites à divers endroits du pays, les diffusions sur Facebook (même si certains ont essayé de nous bloquer) font que nous commençons à être visible. Nous avons aujourd’hui des équipes de provinces : Capital Federal, GBA, La Costa (Mar del Plata et alentours) et Entre Rios. En résumé, nous comptons aujourd’hui environ 130 joueurs et 25 joueuses.
Quels sont les moyens dont bénéficie la fédération ?
Très bonne question qui en amène une autre, quel sponsor aide un sport que l’on ne voit pas ? Aucun.
Nous avons l’aide des Latin Heat qui sont basés en Australie et qui participe au développement du XIII dans les communautés sud-américaines. Ce sont eux qui m’ont ouvert les portes de ce sport et m’ont aidé lorsqu’ils ont vu les bâtons que nous mettait dans les roues les quinzistes, pour nous empêcher de nous développer. Ils nous ont offert des maillots et des ballons, que nous avons distribué lors de notre tour d’Argentine. Mais aujourd’hui par exemple nous n’avons plus de ballons et empruntons ceux du rugby à XV que nous récupérons. J’ai contacté Steeden pour leur demander comment acheter de nouveaux ballons, ils ne m’ont jamais répondu. Enfin nous avons de petits sponsors qui nous aident lors de promotions locales, et nous les remercions, malheureusement c’est trop limité pour l’organisation de promotions majeurs.
L’idéal serait qu’une sélection étrangère puisse venir en tournée en Argentine. Ce serait un vecteur de promotion extraordinaire. Alors pas forcément une sélection nationale, ni même une sélection de remplaçant, mais une équipe en « développement » par exemple. Jouer dans 2-3 villes en Argentine et promouvoir le rugby à XIII serait fabuleux pour notre reconnaissance. Surtout que nous pouvons gérer toute la tournée une fois en Argentine, l’équipe se déplaçant n’aurait qu’à financer son voyage chez nous.
Racontez-nous cette première Coupe Sud-Américaine !
Une grande expérience ! Nous avions déjà organisé un évènement similaire à 9 avec le Chili, le Brésil et des joueurs australiens. Mais le SudAmericano du Chili c’était tout autre chose car nous étions de vraies équipes de rugby à XIII et nous ne connaissions pas nos adversaires. C’était très bien et très compétitif, les autres équipes avaient quelques joueurs expérimentés qui avaient déjà joué en Australie alors que nous, nous étions tous d’Argentine et sans expérience internationale. Cela nous a enrichi sportivement, et nous espérons que ce tournoi pourra être régulier dans le futur. Mais nous voulons plus, rencontrer d’autres équipes plus fortes pour connaître le haut niveau et progresser.
La coupe du Monde 2025 aux USA, est-ce un objectif ?
J’espère ne pas devoir attendre 10 ans de plus pour introduire de façon pérenne le rugby à XIII en Argentine. Je ne veux pas parier là-dessus.
Allez-vous disputer la Coupe du monde des pays émergents ?
L’Argentine peut et veut jouer cette compétition. Si nous allons en Australie cela serait excellent pour notre développement. Pour l’instant, nous n’avons pas été contactés, mais nous voulons une réponse pour le début d’année et avoir ainsi le temps de nous entraîner, nous préparer et convaincre les divers sponsors. Malheureusement la décision définitive est entre les mains des organisateurs et nous sommes dépendants d’eux. J’espère qu’ils vont prendre conscience que nous avons un énorme potentiel, ici en Amérique du Sud. En 2005, nous avions essayé de développer le XIII en Argentine et ce fût un échec, 10 ans après nous avons repris le flambeau et il serait dommage de ne pas réussir.
Avez-vous toujours des contacts avec la fédération de rugby à XV ? Est-ce un exemple à suivre ?
Je suis une des personnes qui de part mon âge et ma proximité avec la fédération ait pu vivre ces transformations. J’ai été gestionnaire d’un club de Buenos Aires durant des années et nous avions beaucoup d’influence au sein de la fédération. Notre président a été pendant 20 ans le secrétaire de la UAR (Fédération de rugby à XV) et j’étais moi même assistant au sein du pôle de développement des jeunes. En 2015, une convention de l’UAR à Entre Rios, avait mis en évidence que beaucoup de provinces perdaient des joueurs, pour diverses causes dont le coût des licences en hausse, les accidents liés aux mêlées, etc. Il faut aussi savoir que l’international Board a beaucoup appuyé économiquement la fédération pour la développer. Donc pour moi l’exemple est difficile à suivre notamment car l’apport économique est plus restreint à XIII. Je reste sur mon idée que plus les nations viendront jouer chez nous, plus vite nous nous développerons à bas coûts.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?
Bonne chance, que quelqu’un nous entende et nous aide à développer ce superbe sport chez nous !
Carlos Varela se tient à disposition de toutes personnes, clubs ou fédérations souhaitant prendre contact avec lui.