XIII made in France #1 : François Doutres, une vie pour le XIII
Treize Mondial a décidé de mettre en avant les personnes qui participent au développement du XIII en France. Pour le premier épisode de « XIII made in France », nous avons rencontré François Doutres, président de l’école de rugby de Salses XIII, qui revient sur son travail au sein du club et sur l’importance de la formation des jeunes.
François, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
François Doutres, je m’occupe de l’école de rugby de Salses XIII depuis un peu plus de 30 ans. Quand j’ai créé l’école, nous avons démarré avec quelques enfants. J’ai aussi entraîné les juniors de Salses avec qui j’ai gagné 3 fois le championnat de France. J’ai été au XIII Catalan pendant deux ans car nous avions fait une entente entre les deux clubs. J’ai aussi été joueur de 7 à 20 ans à Salses et toute ma famille joue au rugby, fils ou neveux. C’est mon grand-père qui a transformé le club de XV de Salses en XIII, puis mon père a pris la suite comme président et enfin cela a été à mon tour.
Pouvez-vous nous présenter votre école de rugby ?
Nous commençons à prendre les enfants à partir de 3 ans, 3 ans et demi, c’est une catégorie qui n’existe pas mais il y a quand même 5-6 gamins qui viennent s’entraîner même s’ils ne font pas de matchs. Ensuite nous avons les U6, U8, U10 et U12 pour un total d’environ 57 enfants dans l’école de rugby. Cela nous permet d’avoir presque deux équipes dans chaque catégorie.
Est-ce que dans un futur proche vous avez pour objectif de relancer des U14, U16 et U19 ?
Le but est d’avoir ces équipes évidemment mais nous manquons cruellement d’éducateurs, c’est la grosse difficulté. L’école de rugby me prend beaucoup de temps et donc j’en manque pour pouvoir réellement relancer ces équipes mais c’est un objectif dans un avenir proche. Nous avons toujours été un club formateur et si nous voulons avoir une équipe sénior, cela passe par les jeunes. Après il y a beaucoup de sports différents dans notre région comme le football, le basket ou le handball et c’est vrai qu’il est difficile de récupérer les jeunes qui sont beaucoup sollicités. Et puis il y a ceux qui pensent que pour jouer aux Dragons, il faut forcément passer par le XIII Catalan, ils n’ont pas encore compris que dans les petits clubs nous travaillons aussi très bien. À Salses, nous avons sorti Morgan Escaré, des joueurs qui jouent en Elite 1 actuellement ou des internationaux.
30 ans que vous dirigez l’école de rugby de Salses, quel est le souvenir qui vous a le plus marqué ?
C’est l’année où nous perdons en finale du championnat de France juniors alors que nous avons cravaché toute la saison. Nous n’étions pas plus de 6 à certains entraînements parfois et puis quand le beau temps est arrivé il y a eu de plus en plus de joueurs. Alors que nous n’avions pas gagné un match de toute l’année, il y a eu un déclic, sans trop savoir pourquoi, et nous avons passé les barrages, puis les tours suivants pour nous retrouver en finale ! Nous avions perdu mais c’était une équipe composée de joueurs qui jouaient avec le cœur. C’est mon meilleur souvenir car nous fait cela avec des gamins que d’autres clubs n’auraient même pas accepter mais nous avons réussi à les faire jouer ensemble.
Quels sont les principaux changements que vous avez constatés au fil des années au contact des jeunes ?
Je trouve que les enfants sont meilleurs qu’avant, ils sont plus à l’aise techniquement ! A l’époque nous prenions n’importe qui pour jouer mais ce n’est plus possible aujourd’hui. Les mentalités ont beaucoup changé aussi, avant il y avait beaucoup d’accrochages et de bagarres, cela arrive quand même bien moins aujourd’hui. Ce qui a changé aussi, c’est qu’avant on jouait même blessé avec un strap, aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas. Je pense que pendant longtemps le XIII a été un défouloir, aujourd’hui c’est un loisir ! Enfin vis à vis des enfants, il y a un changement des parents, maintenant ils suivent leurs enfants, ils regardent les matchs. A l’époque, les parents « déchargeaient » les gamins devant le stade et partaient.
En plus de la technique et du jeu, qu’apprenne les enfants à l’école de rugby ?
La première chose c’est le respect que ce soit de ses coéquipiers, des adversaires, des arbitres, des parents ou des éducateurs. Nous leurs expliquons aussi qu’il faut toujours soutenir et aider ses copains sur le terrain comme dans la vie. On essaie également de faire en sorte qu’il découvre la bonne ambiance du rugby. La semaine dernière un papa a amené des gâteaux et des bonbons pour un anniversaire et ils ont fait un goûter après l’entraînement. Je trouve cela génial et je ne l’ai pas beaucoup vu avant. Nous avons de très bons éducateurs et les entraînements se passent vraiment bien avec les petits qui ont envie chaque semaine.
Qu’auriez-vous envie de dire aux parents pour les inciter à inscrire leurs enfants à l’école de rugby ?
Je sais que les mamans ont souvent peur que leurs enfants se fassent mal et c’est vrai qu’à partir de 14 ans cela arrive d’avoir des blessés. Mais à l’école de rugby, en 30 ans, j’ai emmené deux enfants à l’hôpital, le XIII ce n’est pas dangereux pour eux contrairement à d’autres sports. Vraiment il ne faut pas que les parents aient peur de mettre leurs enfants dans une école de rugby que ce soit à XIII ou à XV d’ailleurs, cela n’a rien à voir avec ce que nous pouvons voir au haut niveau à la télévision.
Que faut-il mettre en place pour continuer améliorer la formation des joueurs français ?
Il faut que les écoles de rugby fassent l’effort de se structurer et que tous les éducateurs soient formés ! Cela ne sert à rien de faire de la sélection très jeune comme le font certains clubs. C’est pas forcément les bons joueurs de 6 ou 7 ans qui feront les grands joueurs de demain. Il faut faire de la formation de masse pour avoir des joueurs de qualités plus tard, il ne faut pas refuser des gamins qui veulent apprendre car nous sommes là pour les former !
Une de mes meilleures années Rugby en junior, et c’était à Salses. Et 20 ans plus tard je vois que François est toujours la (lui qui venait nous chercher 2 fois semaines à St-Estève). Bravo à toi pour toi pour ton dévouement