Vincent Duport : « Le sentiment du devoir accompli »
Alors qu’il vient d’annoncer qu’il quittait les Dragons Catalans et le monde du rugby professionnel, nous avons rencontré Vincent Duport pour parler de cette décision et évoquer son avenir.
Vincent, les Dragons Catalans ont remporté la Cup mais tu ne faisais pas partie du groupe, Comment as-tu vécu tout cela, un peu partagé ?
Même pas, je l’ai vécu à 100%, quand je suis arrivé cela m’a rappelé 2007, plein de souvenirs sont revenus. C’est vrai que la semaine avant j’ai été déçu de ne pas être dans le groupe mais une fois que j’étais à Wembley je l’ai vécu à fond et les 17 qui ont joués ont été des héros qui ont ramené le trophée à Perpignan. Je pense que j’avais ma place dans ce groupe, cela n’a pas été le cas mais je prends égoïstement une petite partie de cette Coupe et je me l’approprie car en 12 années au club je pense avoir contribué à ce qu’il en arrive là. Sur le moment j’étais content comme si j’avais été sur le terrain.
D’un oeil extérieur, qu’as-tu pensé de cette finale et de la performance de tes coéquipiers ?
Depuis la demi-finale contre St Helens, je sentais, de manière objective en regardant les forces en présence, que l’on allait la gagner cette Cup. Je pense vraiment que les Dragons Catalans en ce moment sont supérieurs à Warrington et que si ce n’est pas une finale avec la pression qui va avec, on peut leur mettre 40 points. C’est le fait qu’on ait été un peu tendu avec cette pression de la finale et que Warrington a été opportuniste qui a fait que il y a eu du suspense pendant 15 minutes à la fin. Les 17 Dragons ont été vraiment supérieurs, je leur tire mon chapeau et je les remercie encore.
Tu as décidé d’arrêter ta carrière de joueur professionnel et de quitter les Dragons Catalans, peux-tu nous expliquer ce choix ? Quand as-tu pris cette décision ?
C’est une décision qui a mûri depuis le début de saison car je ne m’attendais pas à jouer si peu. L’année dernière pour aller jusqu’au Million Pound Game, j’ai joué les trois derniers mois blessés pour aider le club et quand j’ai vu cette année que je ne jouais pas, je l’ai mal vécu, cela a été très dur émotionnellement pour moi. J’ai toujours joué et d’un coup je passe du tout au rien car l’année dernière j’étais le joueur qui avait passé le plus de minutes sur le terrain et cette année je suis peut-être celui qui a le moins joué.
Une fois la déception passée, j’ai bien réfléchi à nouveau, ne pas prendre de décision trop vite. J’ai été contacté par deux clubs de Super League pour jouer l’année prochaine mais après réflexion, j’ai ma famille et ma salle de sport ici, je ne me voyais pas tenter l’aventure anglaise à 31 ans.
Tout le monde connaît ma carrière, j’ai eu des blessures, je suis toujours revenu mais cela laisse des traces donc j’en suis venu à la conclusion que c’était le bon moment pour arrêter ma carrière professionnelle.
Avant de partir, as-tu un mot à dire au président des Dragons Catalans, Bernard Guasch ?
Il faut savoir que je suis de la vieille école, il n’y a jamais eu d’agent entre moi et Bernard Guasch, tout s’est passé entre deux hommes avec un respect mutuel. Je veux le remercier d’avoir permis à des mecs comme moi, qui viennent de villages en PACA, de l’Aude ou de partout en France, de faire une carrière dans un sport qu’ils aiment. Je lui souhaite un maximum de bonheur pour la suite avec les Dragons Catalans.
Si tu devais ressortir trois moments de ta carrière avec les Dragons, lesquels seraient-ce ?
Mon premier match en Super League contre Hull FC, je marque un essai sur une passe décisive de Jérôme Guisset. Beaucoup d’émotions de découvrir cette compétition et de marquer en plus.
En 2009, la demi-finale de Super League face à Leeds chez eux dans laquelle je marque trois essais.
Et le Million Pound Game de 2017, émotionnellement ce match a été dingue, on a vécu des semaines difficiles avant et le soulagement après la rencontre a été pour moi salvateur.
Quels objectifs pour toi sur les derniers matchs que tu vas jouer avec les Dragons Catalans ?
J’ai envie de partir en laissant une belle image même si cela va être compliqué sur le terrain car j’ai peu joué et c’est la première année que cela m’arrive donc je ne sais pas trop où j’en suis physiquement. On a gagné la Cup, notre public sera là jusqu’à la fin donc nous les joueurs on se doit de répondre présents aussi. Pour moi personnellement, j’espère prendre beaucoup de plaisir, qu’il y ait de l’émotion et partir la tête haute avec le sentiment du devoir accompli.
Une fois que l’aventure du rugby professionnel sera terminé, tu vas rejoindre une structure amateur et l’Elite 1, pourquoi ce choix ?
Je me suis demandé si je devais arrêter le rugby tout court pour me consacrer à ma salle de sport ou alors continuer un peu en amateur car une fois que je ne pourrais plus jouer au rugby, cela sera à vie. Donc l’idée est d’aller jouer en Elite pour prendre du plaisir et m’amuser sans avoir la pression du sportif professionnel.
Pourquoi avoir choisi le club de Lézignan ?
J’ai appelé des anciens joueurs des Dragons Catalans, Jamal Fakir et Cyril Stacul, qui m’ont dit que c’était un club familial dans lequel on se sent bien et cela correspond à ce que je recherchais. Pour m’amuser et prendre du bon temps quoi de mieux qu’un club avec cette réputation là ?
As-tu pu parler avec Olivier Janzac pour savoir ce qu’il attendait de toi la saison prochaine ?
On a pu en discuter oui, Olivier attend de moi que j’amène toute mon expérience, mon professionnalisme et que j’aide sur les petits détails. Que j’apporte également ma technique et surtout que je puisse parler aux jeunes pour leur transmettre mon vécu. Je pense qu’il souhaite que je sois un cadre de cette équipe.
Tu as monté une salle de sport, peux-tu nous en parler un peu plus ?
La question de l’après rugby m’a toujours un peu hanté car j’ai commencé très jeune le rugby pro et j’ai un niveau d’études assez bas. Avec ma femme, je me suis toujours demandé ce que j’allais faire après et mon beau-frère était salarié dans une salle de sport donc nous nous sommes associé avec lui pour créer une entreprise familiale. La salle de sport est situé à Ille-sur-Têt, elle s’appelle ISB, ce qui veut dire « ici on est bien » en catalan et on propose du sport santé.
J’avais envie de pouvoir donner accès au sport à un plus grand nombre et à réapprendre à certains comment faire du sport, c’est vraiment passionnant. Cette première salle marche bien et comme ma carrière pro s’arrête je vais avoir plus de temps pour développer ma structure. Pour ce qui est d’entraîner dans le rugby, si j’en ai l’envie un jour, je pourrais le faire.
Bravo,Vincent Duport pour ta carrière chez les Dragons Catalans et bonne chance avec Lézignan XIII, pour amener ton expérience chez les jeunes du club ! ….