NRL : La fin des Third Party Agreement ?
Le système des « Third Party Agreement » fait actuellement beaucoup parler en Australie. Il a souvent été cité lors des récents scandales liés au salary cap (notamment à Manly et Parramatta) mais demeure encore très nébuleux et méconnu. L’équipe de Treize Mondial a donc décidé d’en parler en détails et de montrer l’importance capital qu’il a aujourd’hui dans l’économie du championnat australien. Explications.
Les « Third Party Agreements » c’est quoi ?
C’est un système qui permet aux joueurs de gagner de l’argent en dehors de leur club, moyennant la signature d’un contrat avec une société. Par exemple, un joueur qui signe un contrat de sponsoring avec un équipementier ou avec le boulanger du coin et qui est payé pour ça par ces derniers est considéré comme étant en « Third Party Agreement ». À la base, ce système a été créé pour permettre aux joueurs d’arrondir les fins de mois et de limiter au maximum leurs départs vers d’autres cieux comme l’AFL ou le rugby à XV. Contrairement aux salaires des joueurs qui sont publics et connus de tous, les « Third Party Agreement » sont en général secrets, soumis à aucune limite et ne sont pas décomptés dans le salary cap des clubs.
Quelles sont les dérives de ce système ?
Ce droit qui a été accordé à la base pour de bonnes raisons, est aujourd’hui souvent mal utilisé et est aussi soumis à la réalité économique de chaque ville. Par exemple, les Broncos sont le seul club de la grande ville de Brisbane (2,2 millions d’habitants) et peuvent ainsi attirer vers eux de nombreuses entreprises basées dans la ville en vue de négocier des TPA pour leurs joueurs. À Sydney, première ville de taille équivalente à celle de Brisbane représentée en NRL, le « gâteau des entreprises » est lui partagé par 9 clubs ! Dans l’autre mégalopole australienne représentée en NRL (Melbourne), le Storm est seul pour représenter la ville mais contrairement aux deux autres, le rugby à XIII n’est pas le sport roi et doit se contenter des miettes laissées par l’AFL, qui aimante les entreprises basées à Melbourne.
Cette situation avantage les Broncos qui ont su en tirer profit dans ce cas précis : en janvier 2017, Korbin Sims qui est un cadre des Knights de Newcastle demande au club de The Hunter de le libérer de son année de contrat restante, qui devait lui rapporter 400 000 $ australiens. Dans la foulée de son départ des Knights, Sims s’est engagé avec les Broncos pour un salaire de… 85 000 $ pour l’année 2017. Alors je veux bien croire que Brisbane est une ville plus agréable à vivre que Newcastle et que travailler avec Wayne Bennett doit être un rêve pour beaucoup de joueurs mais est-ce que tout ça justifie une perte sèche de 315 000 $ ? Pas sur… Ce qui est pratiquement certain en revanche (en dépit d’un grand silence dessus), c’est que Sims a dû obtenir quelques « Third Party Agreement » pour limiter la perte financière pour lui, sans impacter le salary cap des Broncos. Un tel deal est gagnant sur toute la ligne pour les Broncos qui se sont offert un pilier international fidjien sans risquer de dépassement de salary cap… Les « Third Party Agreement » ont aussi été au coeur de nombreuses embrouilles entre joueurs, clubs et NRL (TPA promis mais jamais versés, salaires non déclarés en intégralité à l’office de contrôle du salary cap…).
Quel avenir pour les « Third Party Agreement » ?
Ce système qui a ses avantages et ses inconvénients est aujourd’hui en danger. La NRL a lancé en février une commission pour les réformer. Le boss de la NRL, Todd Greenberg, a lui même déclaré qu’il y avait des défauts dans le système actuel. Pour le moment, rien n’a été décidé mais il est question d’instaurer un montant limite aux TPA ou de rendre public les montants touchés par les joueurs dans ces accords. Nul doute qu’un tel changement serait une véritable révolution.
Idriss Ahamada
Merci de votre article