
Loz Knows #3 : Wild Wild West à Sydney !
De temps en temps, Laurent Garnier, la bible française de la NRL, viendra exprimer un avis, un ressenti ou encore un coup de gueule dans sa rubrique « Loz Knows ». Dans le 3ème épisode, il analyse la vie difficile des coachs NRL à travers les clubs de l’Ouest de Sydney.
Mais qui sérieusement voudrait devenir head coach de NRL ?
Un monde impitoyable
Un métier où l’on est certain d’une seule chose, la date de début de contrat mentionnée au bas de la page. La fin, elle, est toujours beaucoup plus aléatoire…
Qui voudrait être analysé, questionné, scruté toutes les semaines par les officiels du board, les joueurs, les médias et les fans ? Un métier à hauts risques avec tout juste 16 sièges, tous en mode « éjectable ».
Anthony Griffin, désormais ancien coach des Penrith Panthers pourrait nous en dire long sur le sujet, lui qui, après un apprentissage au Storm de Melbourne, a eu la lourde tâche de succéder au master coach Wayne Bennett. Il est à la tête des Broncos de Brisbane de 2011 à 2014, date à laquelle il fut “débarqué” pour laisser place à … tiens donc, Wayne Bennett, de retour !
Signé en 2016 par Phil Gould, pour apporter au Panthers le titre qu’ils attendent depuis 2003. Il mène le club aux phases finales en 2016 et donc en 2018.
Echange de tirs
Alors pourquoi, me direz-vous, virer un coach qui fait le boulot ?
Parce qu’il a « perdu le vestiaire ». L’excuse bien pratique et invérifiable par excellence tant les joueurs se gardent bien en général de commenter aux médias ces rumeurs car ils n’ont aucun intérêt à se faire une réputation de “coach killer” dans le business.
Pour une différence de “philosophie de coaching” avance officiellement Phil “Gus” Gould, le manager général des Panthers sur la chaine Channel 9 (pour laquelle il travaille aussi comme consultant vedette). Griffin ne serait plus l’homme de la situation selon Gould. Ses méthodes dépassées ne feraient plus l’unanimité au sein du staff et des joueurs.
Anthony Griffin devenu “old school” bien rapidement, lui qui fût resigné par ce même “Gus” Gould il y a seulement quelques mois pour 2 saisons supplémentaires à la tête du club. L’ex coach riposte sur la chaine Fox League en accordant une interview exclusive et surprise, il répond :
Si l’on veut me classer “old school”, alors parlons de Phil Gould qui n’a pas coaché depuis 20 ans… Écoutez, à la fin de l’histoire c’est son club. Il décide tout au club. Bonne chance au prochain coach et aux joueurs !
On comprend facilement à l’écoute de ses interviews croisées qu’entre Griffin et Gould la guerre était déclarée en coulisses depuis longtemps déjà. A la question du journaliste de l’émission NRL 360 (Fox League) Ben Ikin :
Mais pourquoi vous évincer à 4 journées de la fin alors que vous êtes 5éme au classement ?
Griffin de répondre :
J’ai la conviction que ce groupe là peut aller au bout ! Et si c’était le cas mon départ aurait été plus difficile à justifier au public alors…
Alors, qui a raison ? Toujours celui qui paye, si vous voulez mon avis !
En Australie on a coutume de dire : « Quand tu gagnes des matchs, c’est grâce à l’effort de tous ! Et quand tu perds des matchs c’est aussi à cause de tous mais c’est toujours la faute du coach, c’est la règle du jeu !”
Comme le rappelait Steve McNamara (actuel coach des Catalans) il y a peu, lui qui a appris le job en NRL (assistant aux Roosters et aux Warriors), “Head-coach c’est 65% de politique et 35% de Rugby”.
La dure loi de l’ouest
Décidément, dur dur le job de coach, particulièrement pour les clubs des banlieues ouest de Sydney qui disposent du plus grand réservoir de jeunes de la NSW. Les Panthers à Penrith, les Eels à Parramatta, les Wests Tigers à Western Suburbs et même les Giants WS (en AFL, le Football Australien) sont en concurrence permanente pour attirer les meilleurs jeunes talents dans leurs filets. Et pour ça il faut beaucoup d’argent et des titres. Les deux vont de pair. Alors ils sont prêts à tout.
Quelques chiffres :
Les Parramatta Eels ont changé 7 fois de coachs depuis 2006.
En 2012 les Wests Tigers se débarrassent de Tim Sheens, pourtant sous contrat jusqu’en 2014 et qui coachait le club depuis 10 ans, les menant au titre en 2005. Ils ont connu depuis 4 coachs supplémentaires.
Quant aux Panthers ils ont fait une offre la semaine dernière à Ivan Cleary, actuel coach des Tigers pour qu’il rejoigne leur club. Ce même Cleary qu’ils avaient licencié en 2015 pour le remplacer par… Anthony Griffin !
Au bout du compte les clubs montent et démontent des plans de reconquête du titre, en changeant de coachs et de joueurs, dont eux seuls comprennent la logique… et encore. Le fait est, que depuis plus de 12 ans maintenant, pas de titre NRL dans la banlieue ouest de Sydney. Seuls les Panthers en 2003 et les Wests Tigers en 2005 ont soulevé le trophée.
Laurent Garnier