Le rugby à XIII, à la croisée des chemins
Ancien journaliste, Georges Gonzaga a voulu livrer une analyse sur la situation du XIII en France. Pour lui notre sport est à la croisée des chemins et doit prendre son envol.
Je vais me permettre de poser la question crûment : le rugby à XIII français se veut-il un destin national ou pas ? On a vraiment la triste impression qu’il se satisfait de ses terres occitanes ou catalanes pour exister. Si c’est le cas, ce serait vraiment dommage. Car, en ce moment, il y a vraiment, pour lui, un créneau à exploiter et de quoi nourrir une ambition qui le ferait vivre au-delà de ses frontières traditionnelles.
En effet, que cela plaise ou non, le rugby à XV hexagonal est bel et bien en perte de vitesse. Un public lassé d’un jeu d’une pauvreté stupéfiante qui déserte de plus en plus les stades, sauf pour quelques affiches de gala, des accidents aux conséquences parfois dramatiques, provoqués par des règles qui attisent la violence (ah ces déblayages dans l’embrouillamini des rucks), un Top 14 qui, majoritairement, ne doit qu’au talent de joueurs « achetés » dans l’hémisphère sud de rester un bon produit télévisuel, et un XV de France en nette régression. Bref, tout concourt à ouvrir grande la porte à un changement de notoriété du rugby à XIII.
Sans vouloir, le moins du monde, jouer les anciens combattants, je m’autoriserai à faire un brin d’histoire concernant ce sport ; l’un des rares privilèges d’un âge déjà avancé, est que j’ai eu la chance de vivre d’assez prés le retour triomphal du XIII de France de Puig Aubert, le légendaire « pipette », au terme de ses victoires sur les Kangourous australiens, à l’autre bout de la planète. C’est-à-dire sept ans avant que l’équipe de France de rugby à XV (1958) de Lucien Mias aille vaincre les Springboks dans leur antre, pour la première fois dans l’histoire du rugby. Or, qui tira les marrons du feu ? Le XV soudain sorti de sa sphère régionale pour s’étendre sur tout le territoire. Et pendant toutes ces années-là, les dirigeants du XIII, occupés à mélanger leur amateurisme d’organisation avec leurs égos boursouflés – je pourrais en témoigner – laissèrent passer le bon train, se satisfaisant d’être les premiers dans leur petite cour.
Plus d’un demi siècle s’est écoulé et pourtant, on a la nette impression que le même film se déroule. Alors même qu’aujourd’hui le rugby à XIII bénéficie grâce à beIN SPORTS d’une bonne couverture télévisée, à cette réserve près que les prestations de l’inénarrable tandem de commentateurs, davantage supporters que journalistes, donne très vite envie de couper le son !
La saison passée, les Dragons Catalans ont vaillamment conquis la Cup à Wembley. Que reste-t-il de cette performance non traduite par une politique sportive efficace au niveau national ? Presque rien, sinon quelques échos festifs et gaillards dans les bastions de ce sport !
Bref, le rugby à XIII français est bel et bien à la croisée des chemins. Ou son équipe nationale va continuer de vivoter à la faveur de victoires sur des équipes de seconde zone, ou une personnalité d’envergure doit émerger pour tirer l’ensemble vers le haut en imposant une organisation digne d’un sport majeur et une politique sportive misant sur les espoirs, plutôt que d’imiter le XV en recrutant au prix fort des stars, plus ou moins sur le retour, venues d’Australie ou de Nouvelle-Zélande.
La tâche est ardue mais passionnante ! Elle peut être menée à bien… sauf à laisser encore et toujours les baronnies départementales ou régionales faire passer leurs intérêts particuliers avant l’intérêt général ! Il va falloir choisir…
Georges Gonzaga
Monsieur Gonzaga, je vous ai souvent lu quand vous teniez la rubrique « Rugby sur l’ongle » dans l’Indépendant, fin des années 70. Vous mettez souvent en parallèle le retour des héros treizistes de 51 et celui de l’EDF à XV de Lucien Mias en 58. Il faut quand même reconnaître que celle-ci a su tirer profit de l’arrivée de la télé à ce moment-là et de l’enthousiasme d’un Roger Couderc, qui n’avait rien à envier à ceux que vous citez plus haut. A cette époque, les XIII commençaient à baisser, regardant partir à la retraite toutes les vedettes qui constellaient les… Lire plus »
La philosophie apporte à peu de chose près ce qu apporte le sel à un plat de nouilles. Dire c est bien faire c est mieux.
Il manque à ce sport un développement à la hauteur qui permettrait une vraie compétition d une étendue nationale et pas régionale avec 1 match de temps en temps
Il ne reste plus qu à trouver de bon pèlerins motivés
un constat réaliste sans être accablant, ne recensons ni les fautes ni celles des autres, dirigeants, sponsors bénévoles, joueurs, etc., car individuellement ils ont souvent apporté leur passion. Quant à la désertion du public n’est-il pas dû à la pauvreté actuelle du jeu pratiqué ? Des changements des règles sont urgentes , sinon? Quant à notre tandem plutôt devrions-nous apprécier leur fougue parfois teintée de partisanerie, rappelons-nous R. Couderc qui à l’époque fut d’un grand secours pour nos amis quinzistes… J’ai bien dit nos amis!!!
Des Kiwis Australiens !!!!!!.
Effectivement les choses ont bien changé depuis cette époque .
Les Kiwis son rentres chez eux ,les Kangourous aussi tout va bien ….
🙂
Mr bonnery , j ai eu recours a une loupe (lol) pour relire mon article et il s avere bien que je faisais reference aux « kangourous » australiens, etant instruit depuis bien longtemps que les « kiwis » sont de nouvelle zelande! Mais peut etre vous faut il changer…..de lunettes! Sans rancune.
La phrase a été corrigée depuis 😉
Quand on se veut moralisateur et qu’on corrige un article déjà paru c’est certain que çà va mieux ensuite ..
Pour ma part je n’ai ni besoin de loupe ni de lunettes encore …et je sais encore lire .
Je pense qu’emporté par votre élan légendaire d’affection pour notre sport vous avez non pas confondu les Kiwis et les Kangourous mais vous les avez réunis dans leur gloire respective et je vous en remercie pour notre sport.
Entièrement d’accord avec l’article.
C’est en ce moment, peut-être la seule occasion de se sortir du bourbier dans lequel les dirigeants du passé ont mis le XIII.
Certes, il n’y a pas de Bernard Guasch à chaque coin de France, mais il faut profiter de la faiblesse de l’adversaire quinziste (au passage j’aime le XV tout autant que le XIII, mais il ne devrait pas avoir de haine vis-à-vis d’un sport différent).
Bravo M. GONZAGA, vous avez exposé la réalité vraie, réalité qui perdure. Un mécène charismatique serait la solution, mais après une glaciation car les hobereaux de campagne ne lui laisseront pas le temps d’arriver, trop imbu de leur suffisance qui n’a d’égal que leur médiocrité.