
Lauréane Biville : « J’aimerais bien un jour pourquoi pas faire une saison entière à Wigan »
Lauréane Biville, centre de Lescure et de l’équipe de France, revient sur sa saison avec le RCLA et évoque sa signature à Wigan.
Lauréane, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Lauréane Biville, j’ai 24 ans, j’habite à Carcassonne et je joue au rugby depuis maintenant 12 ans. Je viens de valider mes diplômes de coach sportive (musculation/haltérophilie et cours collectifs), en parallèle du rugby. Sur le côté sportif, j’ai eu la chance de passer par le pôle espoir à Carcassonne avant de pouvoir évoluer dans différents clubs au cours des saisons (notamment en Australie, Nouvelle-Zélande et Angleterre). Sans oublier les sélections sous les couleurs de la France depuis mes 17 ans.
Quel bilan fais-tu de ta saison collectivement et individuellement ?
Cette saison a été compliquée pour tout le monde je pense. Avec une compétition en Elite 1 comptant seulement 4 équipes, et pas toutes pouvant jouer à 13 sur tous les matchs. Rester impliquée à 200% et motivé a été un gros challenge pour tout le monde (joueuses et staff confondus). Malgré tout, on a su enchaîner les matchs, les entraînements jusqu’à la finale ! Lescure compte beaucoup de filles avec beaucoup de talent à exploiter, un esprit de groupe incroyable et un club très actif autour des féminines. C’est ce qui a fait tenir l’équipe jusqu’au bout. La finale nous a donné des bases de travail pour la saison prochaine ainsi que certains détails à peaufiner.
Personnellement, ça a été une saison difficile où j’ai eu beaucoup de mal à rester investie voyant la tournure que prenait la saison. L’après Coupe du monde a été très difficile à surmonter, ce qui n’a pas aidé. J’ai donc pris la décision de prendre une double licence à XV avec Narbonne en parallèle, afin de changer un petit peu et essayer de retrouver cette motivation.
Pourquoi avoir signé à Wigan pour finir la saison ?
J’ai eu la chance d’y aller une première fois l’été dernier suite à une conversation avec le head coach Kris, et ça a été un énorme coup de cœur. Jouer en Super League était sur ma check list et je ne pouvais pas refuser une telle opportunité. C’est un club avec beaucoup d’ambition, qui travaille dur pour développer le rugby féminin, et qui est connue pour être une grande famille.
Après cette saison, j’avais besoin de retrouver cette discipline et ce niveau de jeu qui me plaît. M’entraîner dur, apprendre de nouvelles choses à chaque entraînement, me dépasser, et ressentir cette intensité durant les matchs. C’est ce qui m’anime dans ce sport et que je retrouve à l’étranger. Je profite donc des intersaisons pour ça, et j’ai la chance d’avoir construit une belle amitié avec ce club qui me donne beaucoup.
Toi qui as joué en Australie, en Angleterre et en France, quelles sont les ressemblances et surtout les différences ?
La grosse ressemblance, c’est l’amour de ce sport. Je vais parler évidemment du rugby féminin principalement. Nous avons la chance d’avoir des gens, des bénévoles et des joueuses qui travaillent dur pour le développement du rugby féminin et c’est ce que j’ai retrouvé dans les autres pays.
Des différences, il y en a beaucoup, et la principale est évidemment le niveau et la popularité du rugby féminin dans le pays. La culture du travail n’est pas la même également. En Angleterre comme en Australie, tu n’as pas d’autre choix que de travailler dur tous les jours. Les entraînements sont durs, le physique est très dur, les exigences sont hautes. Mais c’est un état d’esprit que tout le monde partage et qui n’est pas encore acquis en France à mon sens.
Là-bas, il faut gagner et se battre jusqu’à la fin. Si on perd, on travaillera encore plus dur. Perdre c’est grave. Pendant qu’en France on nous répète que le principal est de participer.
L’évolution du rugby féminin n’est pas la même. Les filles commencent à vraiment être considérées comme des athlètes qui doivent s’entraîner souvent pour être meilleures, et donc certaines commencent à avoir des contrats pro, des aménagements d’horaires, des contrats de travail dans les fédérations et clubs.
En France, on y arrive petit à petit dans les équipes internationales notamment où le président Luc Lacoste nous avait permis d’avoir plus de stages, des rémunérations et des défraiements. Mais on reste très en retard. Mais c’est d’ailleurs ce pour quoi nous nous battons chaque jour en tant que joueuse et avec l’aide de nos clubs !
Quelles sont tes ambitions avec Wigan ?
Pour cette année, finir la saison avec elles. Prendre tout ce qu’il y a à prendre, revenir avec plus d’expérience et être prête pour la prochaine saison en France. J’aimerais bien un jour pourquoi pas faire une saison entière là-bas, mais ça me demanderait à nouveau de quitter mon travail, mes études… et de devoir encore choisir entre le rugby ou ma vie professionnelle. Donc à voir ce que l’avenir me réserve !
Quelle pugnacité !! Un exemple de dévouement pour son sport