Kevin Larroyer : « Me battre pour porter le maillot bleu »
Alors qu’il vient d’achever une cinquième année en Angleterre, Kevin Larroyer a accepté de revenir sur cette saison compliquée avec Leigh Centurions et évoque l’équipe de France.
Kevin, une fin de saison chaotique, comment l’as-tu vécu ?
Oui ça a été une saison très difficile et comme tu dis une fin de saison chaotique. On tape souvent sur les joueurs et certaines fois à juste titre mais là, la façon dont nous avons été traités est très discutable.
Malgré ce climat délétère, nous les joueurs avons été exemplaires sur cette fin de saison et avons tout donner jusqu’à la fin. On ne peut pas en dire autant de tout le monde. Nous les joueurs nous sommes les premiers responsables car on n’a pas rempli les objectifs fixés en début de saison. Cependant, il ne faut pas oublier que l’on joue contre des adversaires de très bonne qualité qui eux aussi ont des objectifs élevés donc ceux qui pensaient qu’on allait marcher sur le championnat ne connaissent pas grand chose au sport. Il faut que d’autres personnes prennent leurs responsabilités et assument leurs erreurs au lieu de pointer du doigt les joueurs pour seuls responsables.
De l’extérieur on a eu le sentiment que tu es resté droit dans tes bottes jusqu’au bout, c’était important pour toi ?
Malgré l’adversité j’ai essayé de rester très professionnel. Je suis payé pour m’entraîner et jouer du mieux que je peux donc il était important pour moi d’être irréprochable et aujourd’hui je peux me regarder dans la glace et dire que j’ai tout donné. Les deux dernières semaines ont été très dures à vivre car tout d’abord à la fin du mois de septembre certains joueurs, dont moi, n’ont pas été payés. Nous avions seulement 13 joueurs valides pour le match contre Dewsbury deux jours après que nous avons fini à 11. Malgré ça avec les joueurs qui n’avaient pas été payés nous avons décidé de jouer ce match sans savoir si on était couvert médicalement. La dernière semaine, c’est simple j’ai continué à me lever à 4h30 et faire le trajet Hull-Leigh comme si de rien était sauf que j’allais travailler gratuitement.
Quel bilan fais-tu de cette saison malgré tout ?
Le bilan est négatif car l’objectif de début de saison était d’être dans le top 4 et être à la bataille pour la montée en Super League. D’un point de vue personnel, comme l’équipe je n’ai pas très bien commencé la saison mais je suis monté en puissance au fur et à mesure. Je suis satisfait d’avoir fait une saison pleine avec 27 matchs et 8 essais surtout après les deux dernières saisons où je n’avais pas eu assez de temps de jeu.
Deux jeunes Français étaient avec toi, tu avais un peu le rôle du grand frère, est-ce quelque chose qui te plaît ?
Oui c’est un rôle qui m’a beaucoup plu, ce sont de bons jeunes avec beaucoup de potentiel, je connaissais un peu Ilias mais Jordan pas du tout. Il m’a beaucoup surpris, il est très fort, j’en suis sûr il ira très loin. Ça va faire 5 ans que je suis en Angleterre donc je commence à comprendre comment les Anglais fonctionnent et ce qu’ils attendent. Je voulais vraiment qu’ils aiment être ici donc j’ai essayé de les aider du mieux que j’ai pu.
Je suis sûr que s’ils bossent sur certains aspects sur et en dehors du terrain ils deviendront des joueurs de très haut niveau.
Vas-tu continuer avec Leigh en 2019 ?
C’est très improbable mais à ce jour j’ai encore un an de contrat.
Dans quel club évolueras-tu en 2019 ?
C’est encore tôt pour le dire, j’espère être fixé dans les semaines à venir.
Tu n’as pas été retenu avec l’équipe de France, est-ce une déception pour toi ? Vas-tu tout faire pour retrouver les Bleus ?
Oui une très grosse déception mais cette saison à mon poste il y a deux joueurs, Ben Garcia et Benjamin Jullien, qui ont été monstrueux. Mais quand je vois le reste de la liste élargie je pense sincèrement que je pouvais postuler à une place pour les stages et me battre aussi pour porter le maillot bleu.
Je suis déçu car j’ai l’impression que par rapport aux joueurs des Dragons, du TO ou d’Elite je manque de visibilité parce que Jordan Dezaria a tout à fait sa place dans ce groupe élargi aussi. Malheureusement je n’ai jamais vu un des membres du staff venir en Angleterre pour voir des matchs. J’aurais aimé avoir un peu plus de considération pour ce que j’ai fait avant et peut-être recevoir un coup de téléphone. Mais c’est comme ça, il y a un sélectionneur qui fait des choix, je dois les respecter.
Quel regard portes-tu sur le succès des Dragons en Cup ?
Je suis très admiratif, ils ont créé l’histoire, ils seront à jamais les premiers. Ici en Angleterre tout le monde voulait qu’ils gagnent la finale, leur victoire a fait beaucoup de bruit ainsi que leur présentation au Camp Nou. Cette victoire c’est le résultat de longues années de travail.
Ça a été une très bonne année pour le rugby français, c’est dommage que le TO n’ait pas pu au moins jouer le Million Pound Game, j’espère que samedi Morgan et Romain vont eux aussi écrire l’histoire. Le rugby à XIII français a de très beaux jours devant lui.