Jérôme Escourrou : « Se rassembler autour d’un nouveau projet »

Afin de faire un point sur la situation du nouveau projet de club à Carcassonne, nous avons rencontré Jérôme Escourrou, ancien président de l’AS Carcassonne. 

Jérôme, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Jérôme Escourrou, je suis le président du groupe Escourrou basé à Carcassonne depuis 1938. Cela fait 15 ans que je suis aux commandes du groupe familial et indépendant. Début de saison 2016, j’ai pris la co-présidence de l’AS Carcassonne avec Pierre François Buche qui lui était déjà au club dans le comité directeur avec Marc Palanques l’année précédente. Je suis issu d’un milieu treiziste que ce soit du côté maternel et paternel donc je connais le XIII depuis tout petit bien que je n’y ai jamais officié avant ces dernières années.

Sans revenir sur les détails mais avec un peu de recul, qu’est-ce qui a fait que l’AS Carcassonne a déposé le bilan en juin dernier ?

Je n’ai pas envie de ressasser le passé car cela va raviver des rancœurs inutiles. En quelques mots, je crois que c’est une responsabilité collective à laquelle je m’associe pleinement suite à des erreurs successives commises par tous ceux qui ont œuvré dans le club. La conséquence c’est que ces erreurs et ces désaccords ont divisé le mouvement qui n’a pas su faire preuve de solidarité au moment où le club en avait besoin. Aujourd’hui c’est une nouvelle page qui s’ouvre, il est temps que les différences et les divisions cessent pour qu’on fasse tous bloc derrière ce projet.

Est-ce qu’aujourd’hui vous pouvez rassurer tout le monde en disant qu’un club de Carcassonne sera au départ du championnat Elite 1 en novembre ?

Ce n’est pas encore totalement acquis mais c’est en bonne voie. On avait mis la barre à 150 000 euros, on a lancé la collecte pendant les vacances à un moment assez creux, nous sommes à 1/3 à peu près de cette somme mais avec la reprise des activités j’ai bon espoir pour les semaines à venir. Il y a beaucoup de petits donneurs et tous ces dons ont de l’importance car cela montre que les gens se sentent concernés par le club. Il a besoin de tous les gens qui aiment ce sport et qui veulent le voir perdurer à Carcassonne. Beaucoup disent que le club leur a donné énormément, c’est le moment de lui rendre la pareille en fonction des moyens de chacun.

Il y a un nouvel entraîneur pour les juniors, la nouvelle association a donc été créée ?

Elle est en cours de création donc une fois que ce sera officiel on fera une conférence de presse pour présenter la nouvelle équipe en place. Cela interviendra prochainement. Effectivement la première étape est de mettre en place les juniors et les féminines qui reprennent avant. Pour ce qui est de l’Elite 1, le tour de table avec les joueurs a démarré, cela va se poursuivre dans les prochains jours pour que tout puisse être présenté prochainement à la presse.

Vous avez parlé d’une structure professionnelle à moyen terme, quelles sont les choses à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif ?

Il faut déjà avoir un projet économique en plus du projet sportif. Si les structures associative et professionnelle vont d’abord être consolidées pour réussir à jouer en Elite, à terme, bien qu’elles seront toujours imbriquées l’une avec l’autre, elles auront deux modes de fonctionnement bien distincts. Donc il faut dans un premier temps que notre projet soit validé par le Fédération, on travaille en symbiose donc il est hors de question d’avoir des ambitions non homologuées par elle. Ensuite comme je le disais le projet économique auprès du secteur privé va être primordial dans ce nouveau projet comme le font déjà des structures dans d’autres sports. Il faudra aussi renforcer les partenariats publics déjà existants.

Sur une vision à plus long terme, il va falloir certainement convaincre les clubs amis de nous rejoindre parce que je crois que pour créer une équipe professionnelle il faudra additionner les moyens plutôt que de partir en ordre dispersé. On pose une première pierre et on invite les clubs à y réfléchir et à nous rejoindre s’ils le souhaitent.

Pour les autres choses à développer dans ce nouveau projet, il y a l’ouverture à l’international, la formation des jeunes et la mise en valeur des spécificités territoriales. C’est une fois que nous aurons cela que des sponsors privés s’intéresseront à notre club pour le sponsoriser.

C’est ce qu’ont réussi les Dragons Catalans à Perpignan. Il faudrait demander à Bernard Guasch mais quand il a démarré dans un contexte difficile, avec des ambitions fortes, il a procédé petit à petit. Le jour où notre objectif sera atteint en termes de structure, on verra quels terrains de jeu s’offrent à nous, je souhaite que ça soit un Super 13 en France mais si ça doit être l’Angleterre ça sera par la League 1.

Carcassonne est comme Perpignan, une ville où XIII et XV sont présents, comment se passe la cohabitation chez vous ? Est-ce qu’il y a des relations entre les deux clubs ?

Les dirigeants se connaissent et il y a des relations amicales et respectueuses. Par contre il n’y a aucune relation entre les deux clubs et c’est bien dommage car c’est un luxe que personne ne peut se permettre de cultiver. Je pense que nous partageons les mêmes valeurs, celles du rugby, et que nous avons tout intérêt à essayer de trouver des collaborations sur certains secteurs. J’ai vu que les catalans l’envisageaient, la Fédération aussi, je crois que c’est intelligent, tout ce qui peut permettre de développer le rugby sur le territoire local et national doit être fait. Je n’ai aucun blocage ni relationnel ni idéologique avec le XV.

Nicolas Jacquemard