Gilles Dumas : « le championnat s’est resserré »
Rencontre avec l’entraineur de Saint-Gaudens, Gilles Dumas, qui nous parle de la situation de son équipe, de son ancien rôle de sélectionneur et du XIII français.
Gilles, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Gilles Dumas, actuellement entraîneur de Saint-Gaudens. J’ai également été joueur pour les Ours et ancien international. J’ai aussi été entraîneur et manager de l’équipe de France et président du club de Saint-Gaudens pendant 3 ans.
Comment jugez-vous le niveau du championnat de France ?
Je le juge intéressant. Le championnat s’est resserré et les matchs sont beaucoup plus ouverts par rapport à l’année dernière par exemple. Aujourd’hui rien n’est fait alors que l’année dernière à la même époque nous connaissions quasiment les qualifiés. Il y a un nivellement des valeurs vers le haut, des matchs disputés et c’est ce qui rend ce championnat intéressant.
Vous vous déplacez à Lézignan ce week-end. Quelles sont vos ambitions pour ce match ?
Comme tous les week-end, faire du mieux possible. Gagner à Lézignan relèverait de l’exploit car c’est quand même une grosse équipe. Nous avons perdu de seulement 2 points au match aller mais leur effectif s’est renforcé depuis. Aujourd’hui, ils sont bien en place avec de nombreux joueurs d’expérience donc ça sera très compliqué pour nous car nous aurons quelques absents. De plus, nous n’avons pas la profondeur de banc de Lézignan.
Comment jugez-vous la saison de votre équipe ?
Nous avions pour objectif de faire aussi bien sinon mieux que la saison dernière où nous avons terminé 7ème et nous sommes aujourd’hui à la 7ème place. Nous aurions pu mieux faire, notamment lors du match aller à domicile contre Lézignan où nous perdons à la dernière minute 32-30. Il y a aussi eu la défaite au point en or contre Palau. En accrochant ces victoires, nous serions aujourd’hui à la 5ème place. Mais pour l’instant je juge le championnat correct, surtout avec les moyens que nous avons.
Vous étiez aussi consultant à L’Équipe TV (actuellement La chaîne L’Équipe). Que pensez-vous de ce rôle ?
J’ai fait ça seulement quelques fois mais j’y ai pris énormément de plaisir. J’ai souvent commenté depuis les locaux de L’Équipe TV ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de monde, aussi bien de L’Équipe TV que du journal L’Équipe et j’ai pu vivre un peu leur quotidien, ce qui est très enrichissant. Quand on est aux commentaires il faut bien s’imprégner d’une rencontre et être là pour aider le journaliste car Benoît Cosset avec qui je commentais les matchs est plutôt spécialisé dans le rugby à XV à la base. Il ne connaissait pas trop de choses sur le rugby à XIII, mais c’était très bien. Il était très enthousiaste par rapport à ses commentaires et moi j’apportais une petite touche technique. Je me suis régalé en le faisant !
Vous avez été manager de l’équipe de France. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Je l’ai été deux fois. D’abord avec John Monie entre 2005 et 2008. La Coupe du monde 2008 avait été ratée car nous ne nous sommes pas qualifiés. Et ensuite de 2011 à 2013 avec Richard Agar. Le bilan a été un peu meilleur car on a fait un quart de finale de Coupe du monde en 2013. C’est toujours un plaisir d’œuvrer pour le sport qu’on aime. Je faisais ça par passion et sans contrat car j’étais totalement bénévole. Quand on a été joueur et entraîneur on garde beaucoup de contacts avec les pays étrangers et ce rôle de manager m’a permis de rester dans le bain. C’était que du plaisir !
En tant qu’ancien joueur et sélectionneur de l’équipe de France, quelles sont selon vous les solutions pour se rapprocher des équipes du top niveau mondial ?
Ce qu’il faut déjà c’est les affronter régulièrement. Il y a une réelle volonté de le faire aujourd’hui et c’est très bien. Nos joueurs doivent s’habituer aux gros matchs à fortes intensités et à jouer contre les meilleurs joueurs du monde, cela ne pourra que les faire progresser. Ensuite, qu’il y ait le plus possible de joueurs professionnels en Super League, qu’on ait un championnat qui monte de niveau et qu’on ait une formation qui s’améliore. Je ne vais rien inventer mais pour se développer un peu plus il faut plus de masse et plus de quantité pour faire de la qualité.
Le club de Saint-Gaudens n’a pas d’équipes cadets et juniors cette année. Déplorez-vous ce manque ? Et quels sont les moyens déployés par le club pour sa formation ?
Je déplore complètement l’absence de cadets et juniors. L’an passé, nous avions toutes les équipes de jeunes et même des féminines. Le gros problème que nous avons est la difficulté à trouver des encadrants, des entraîneurs et des bénévoles qui peuvent s’occuper de toutes ces équipes. Au niveau des cadets et des juniors, beaucoup de joueurs sont pris à XV et les entraîneurs aussi, ce que je déplore. Nous avons tout fait pour essayer de récupérer ces joueurs mais en début de saison ils n’étaient qu’une douzaine en juniors et encore moins en cadets. Dans ces conditions, nous ne pouvions pas conserver ces équipes, même si ça a été très dur à accepter pour nous. Concernant le développement, nous avons toutes les semaines des jeunes qui vont faire des initiations dans les écoles dans le cadre des heures périscolaires. Aujourd’hui, notre école de rugby se porte de mieux en mieux et nous espérons encore attirer davantage de filles dans le futur.
Idriss Ahamada
Merci pour cette interview. On apprend la difficulté d’un club de maintenir ses jeunes. J’espère revoir prochainement la création de ces sections jeunes. Enfin, Monsieur Dumas est un monument du mouvement treiziste en franFr, cela est toujours riche d’enseignements.