
Cyril Vergnes, l’arbitrage français doit continuer de progresser
Nous avons rencontré Cyril Vergnes, arbitre de rugby à XIII depuis 14 ans, qui nous parle de son rôle, des évolutions possibles et de son futur.
Cyril, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Cyril Vergnes, j’ai 29 ans et je suis vendeur de matériel médical. Je vis à Albi et je suis arbitre de rugby à XIII depuis 14 ans.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’arbitrer ?
Au départ j’avais envie de connaître un peu plus les règles en détails pour pouvoir m’en servir quand j’étais encore joueur. J’ai eu l’occasion de rencontrer Thierry Alibert lors d’une présentation à Albi et il nous a proposé d’intégrer l’école d’arbitrage. C’est donc comme cela que j’ai démarré l’arbitrage.
Quel est ton meilleur souvenir comme arbitre ?
Le fait d’avoir arbitré la touche pour le match Pays de Galles – Angleterre lors d’une formation au Royaume Uni. Il y a aussi les matchs que j’ai pu faire à la touche en Super League ou les finales de championnats et de coupes élite que j’ai fait aussi à la touche.

Cyril Vergnes lors du match Angleterre / Pays de Galles
Tu évolues régulièrement en juge de touche lors des rencontres de SL ou Championship, est-ce que devenir professionnel est pour toi un objectif ?
Oui c’est sur que cela serait un objectif mais ce n’est jamais simple de tout lâcher ce que l’on a à côté. Cela serait vraiment une bonne chose que l’arbitrage du XIII en France devienne professionnel !
Préfères-tu arbitrer un match de SL à la touche ou un match d’Élite 1 au centre ?
Les deux sont différents et je les apprécie tous les 2. La Super League, nous n’avons pas l’occasion d’en faire tous les jours donc mon choix porterait là-dessus. C’est une compétition prestigieuse et c’est vraiment toujours sympa de pouvoir arbitrer ces matchs. Après je prends tout autant de plaisir à arbitrer des beaux matchs d’Elite 1 comme Lézignan – Saint-Estève le week-end dernier.
Il y a une polémique sur le dernier match que tu as arbitré et la décision de mettre « seulement » un carton jaune à un joueur de Lézignan sur un placage cathédrale. D’abord, est-ce que cela te dérange en général d’admettre que tu t’es trompé en revoyant les images ? Et penses-tu que c’est le cas sur cette action ?
Cela ne me pose aucun problème d’admettre que j’ai eu tort, nous sommes humains et comme les joueurs, nous pouvons faire des erreurs. C’est vrai que nos erreurs peuvent coûter cher à une équipe ou à l’autre, c’est notre rôle qui veut cela.
Sur le moment je n’ai pas mesuré la violence de ce placage et j’ai vu que le joueur tombait sur l’épaule. J’ai revu plusieurs fois les images et c’est vrai que le placage est beaucoup plus dur que ce que j’ai perçu sur le terrain et effectivement le carton rouge aurait été mérité sur cette action. Sur le moment, nous devons prendre une décision rapide avec ce que nous avons vu, ce n’est pas facile, et cela peut arriver de se tromper.
Toutes les semaines nous revoyons nos performances à la vidéo et nous les analysons avec Mohammed Drizza, le responsable de l’arbitrage en France.
Que penses-tu du niveau de l’arbitrage en Élite 1 ? Et dans les autres championnats français ?
Je pense que le niveau en Elite 1 progresse car les équipes sont aussi plus disciplinées, cela nous facilite la tâche et nous permet d’être plus performant. le travail vidéo que nous faisons aussi chaque semaine nous permet de progresser car nous pouvons voir et analyser nos erreurs. Surtout nous essayons de beaucoup plus harmoniser les décisions et l’arbitrage plus globalement par rapport aux années précédentes. Je pense que c’est sur ce point-là que nous avons progresser en Elite 1 mais aussi dans un degré différent en Elite 2.
Dans les championnats inférieurs, le niveau est plus hétérogène et les sanctions sont moins harmonisés. Cela s’explique notamment par le fait que notre effectif a bien diminué à l’inter-saison, nous sommes passés de 120 à 80 arbitres. Il y a même des rencontres qui ne sont pas arbitrés à cause de cela.
A part la professionnalisation, quelles sont les autres pistes pour faire en sorte que le niveau de l’arbitrage français continue de progresser ?
Je pense que, comme nous avons eu l’an dernier, l’arbitrage à 2 serait une très bonne chose. Nous sommes amateurs et nous pourrions être un frein car les joueurs sont de plus en plus professionnels. L’arbitrage vidéo serait une solution mais ce n’est pas encore dans les moyens du XIII français pour le moment. En enfin cela passe par la formation des arbitres et avoir un effectif plus conséquent pour amener de la concurrence entre les arbitres. Le manque de concurrence peut entraîner certains à ne pas toujours se remettre en question. C’est plusieurs petites choses qui feraient que nous pourrions continuer à progresser.