Cyril Torres, homme fort du XIII fauteuil

Rencontre avec Cyril Torres, personnage reconnu du XIII français, qui a remporté le titre de champion du monde de rugby fauteuil avec les bleus en juillet. 

Cyril peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Cyril Torres, je suis joueur de rugby fauteuil et j’étais capitaine de l’équipe de France ces dernières années. Je vis à Perpignan de père catalan et de mère tahitienne j’ai une sœur et un frère.

Pourquoi être passé du basket au rugby ?

La première des choses, ce n’est pas que je sois passé de l’un à l’autre mais plutôt que je sois revenu vers le rugby car à 20 ans quand j’ai eu mon accident de voiture où je suis devenu paraplégique je jouais déjà au rugby depuis l’âge de 6 ans. Le basket m’a permis, dans un premier temps, de me remettre au sport quand je me suis retrouvé en fauteuil. J’ai pu m’y reconstruire mais faut croire que le rugby me manquait trop. En 2008 quand les Dragons handi se sont montés j’ai voulu faire partie de l’aventure et grâce à Axel LLiboutry et Patrick Puly cela a été possible.

Quelques mois après le titre de champions du monde, que retiens-tu de cette aventure ?

Je retiendrai avant tout le groupe pour lequel j’ai beaucoup de respect. En l’espace de quelques années nous avons créé quelque chose d’énorme avec deux titres de champion du monde issu peut être de la déception de notre première coupe du monde en Australie où nous n’avions pu finir que 3ème seulement. Les personnes qui ont jalonné ma carrière internationale resteront gravées dans ma mémoire. Certains sont mêmes devenus des amis.

Puis aussi vivre cette finale à Perpignan dans un palais des expositions acquis à notre cause et bouillant c’est quelque chose que je n’oublierais jamais. Champion c’est beau mais chez soi en France qui plus est à Perpignan avec ses potes et devant les gens que tu aimes c’est juste fort, très fort même…

Cela a permis de mettre le rugby fauteuil en lumière, que penses-tu de l ‘évolution de ton sport ces dernières années ?

Notre sport a pris de l’envergure, de la reconnaissance et commence à conquérir un public de plus en plus nombreux. J’espère que cela va continuer encore. Le rugby véhicule des bonnes valeurs et je crois que le rugby fauteuil en véhicule d’encore plus grande !

Plus globalement que penses-tu de l’évolution du handisport en France ?

Je pense que l’on commence à reconnaître nos athlètes handisport à la valeur de leur travail, la médiatisation commence à porter ses fruits et certains commencent à vivre de leurs performances comme nos amis valides. C’est une bonne chose mais avant de parler d’handisport je préfère parler de sportifs car l’handicap ne devrait pas être une catégorie 😉

Tu cumules de nombreuses fonctions dans le rugby à XIII, comment arrives-tu à tout faire ?

La première c’est que j’en cumule de moins en moins, il y a 2 ans un grave soucis de santé m’a éloigné un peu et j’ai du lever le pied. Je me suis reconcentré sur le plan perso, j’ai passé un DU analyste vidéo au Staps de Montpellier que j’ai obtenu et depuis j’exerce pour continuer de progresser professionnellement au sein des Dragons Catalans et quelques missions pour la Fédération. Après un coup de cœur pour les déesses l’équipe féminine de Saint Esteve 13 catalan pour lequel je partage le rôle d’entraîneur avec Bruno Onteniente et son staff. Ces filles aussi s’en donnent à cœur joie sur les terrains et ça me plaît de les accompagner.

Le rugby à XIII peine à trouver sa place en France, comment est-ce que tu l’expliques ?

Je pense que c’est un problème de médiatisation et ensuite de comportement. Je pense que nos dirigeants doivent aller plus de l’avant et arrêter de se comparer à d’autres. Si on prend l’exemple avec le XV comme souvent beaucoup le font alors que ce sont deux sports différents à nous de bien mieux vendre le nôtre et notamment en termes de communication.

Tu joues pour le Toulouse Olympique après de nombreuses années aux Dragons Catalans, cela n’a pas été trop dur de passer chez les concurrents ?

Je ne joue plus pour le TO pour lequel j’ai passé une dernière saison merveilleuse aux côtés de la bande à JJ Bédué et Rustine. Il y a 2 ans alors que quelques différents m’ont éloignés des Dragons Handirugby, JJ est venu me chercher et j’ai fait une saison blanche à cause de mes problèmes de santé, ils m’ont soutenu et je me devais de rester l’année dernière.

Je l’ai fait même si les matchs contre les dragons ont souvent été un déchirement car mon cœur est ici. On a écrit une petite page de ce TO qui va continuer de grandir, le doublé avait un parfum de revanche sur la vie pour moi.

Comment vois-tu ta nouvelle saison ?

Pour moi pour le moment ma saison se fera ici auprès des miens mais peut-être pas dans le rugby fauteuil. Les féminines et les Dragons Catalans me prennent déjà tout mon temps.

Quand au TO rugby fauteuil je leur souhaite le meilleur, qu’il puisse continuer à glaner des titres autour de Mouss et Lionel. Mais je suis sûr que la famille Clausells à Perpignan prépare cette saison mieux que jamais. L’année dernière fut une année sans pour les dragons mais je ne peux pas croire que cette année ils ne veuillent pas regouter aux titres 😉

Vas-tu suivre la coupe du monde qui débute dans 2 jours ?

Oui, je soutiens à fond les bleus pour ce mondial et j’espère qu’ils vont nous faire vibrer !

Nicolas Jacquemard