
Colette Tignères : « L’annoncer en pleine pandémie c’est redonner de l’espoir au monde treiziste »
Colette Tignères, présidente de Baho depuis qu’elle l’a créé en 2008, a décidé de passer la main. Elle revient pour nous sur cette décision, évoque ses successeurs et revient sur les beaux moments à la tête de son club.
Colette, quand avez-vous pris la décision de passer la main ? Et pourquoi maintenant ?
Il y a des années que j’essayais de transmettre la direction de ce club, que nous avons créé en 2008. C’était compliqué car personne ne souhaitait avoir à gérer ce qui était devenu, en 2018, le plus important club de rugby à XIII de l’hexagone avec plus de 300 licenciés, gérés exclusivement par un groupe de bénévoles. En scindant l’ensemble par la création d’une entité école de rugby indépendante mais affiliée, devenue « l’Académie des Geckos Catalans » le transfert devenait réalisable.
Choisir de l’annoncer aujourd’hui, en pleine pandémie c’est redonner de l’espoir au monde treiziste. Alors que beaucoup de clubs se posent la question de leur avenir, nous voulions affirmer qu’il est possible de poursuivre l’aventure et que de nouvelles bonnes volontés sont là pour reprendre le flambeau. Didier et moi nous formions, avec mon mari, l’ossature du club. Le départ annoncé d’un entraîneur de sa classe jetait le trouble parmi les joueurs du club. Il était urgent de les rassurer. Le tandem Fakir/Ancely doit leur amener la sérénité nécessaire à l’attente d’une reprise que nous attendons tous avec gourmandise.
Pouvez-vous nous présenter vos successeurs, Hervé Abribat et Manu Cateau ?
Nos successeurs ne sont pas des inconnus. Manu Cateau a fondé le club avec moi et s’est écarté ensuite pour raisons professionnelles. Il connaît donc déjà la maison. Hervé Abribat, qui était là lui aussi en 2008 est connu de tous comme l’animateur convivial d’un foyer rural qui aura accueilli toutes nos troisièmes mi-temps… et elles furent nombreuses !!!
Allez-vous garder des fonctions au club ou accompagner les nouveaux présidents ?
Il est clair que je ne vais pas abandonner nos nouveaux dirigeants en rase campagne. Pour devenir dirigeants de club il faut se former. Il y a la maîtrise des règlements, mais surtout le management d’hommes et de femmes volontaires mais bénévoles. Un club amateur c’est une grosse entreprise où les « travailleurs » ne sont pas rémunérés. Cela exige beaucoup de diplomatie pour que le bénévole se sente bien, reconnu pour tout son investissement. Dans le stress de l’organisation des rencontres ce n’est pas toujours facile et les tensions sont souvent difficiles à canaliser.
Et puis il y a cette recherche épuisante, ce parcours du combattant pour trouver les financements dans un pays où l’état ne fait pas les efforts nécessaires pour promouvoir le sport de masse, le véritable sport amateur. Tout cela je l’ai acquis durant toutes ces années. Je ne vais pas manquer de le transmettre à Manu et Hervé puisque former a toujours été dans mon ADN (Rires).
Jamal Fakir arrive sur le banc de touche, un de vos derniers choix comme présidente ? Pourquoi Jamal ?
Fakir ? C’est le choix total de mes successeurs. Ils me l’ont soumis, bien sûr et la décision a été prise collégialement puisque je suis toujours présidente en titre jusqu’à la prochaine AG de juillet. Mais ce choix marque le niveau des ambitions de la nouvelle équipe.
C’est une très longue page de votre vie qui se tourne, qu’allez-vous garder de ces années ?
14 ans d’une vie totalement consacrés à la construction du club des Geckos cela laisse des traces. Un sentiment de verre à moitié vide si je regarde les déceptions qui m’ont été infligées par les comportements humains: le manque à la « parole donnée », les trahisons en cascades, le manque de respect parce que j’étais une femme qui se mêlait de rugby, les défaillances de partenaires, les désillusions multiples liées au faible niveau de certains responsables dans ce sport….
Mais il y a le verre plein. Je ne retiendrais que celui-là. Le dévouement à toute épreuve de toutes ces petites mains qui font la réussite d’un club, des moments de gloire qui nous ont remué les tripes à chaque victoire (et il y en a eu beaucoup en 14 ans), le soutien inconditionnel des élus, amis du club, le maire de notre ville en tête, l’odeur des vestiaires et la communion de ces silences avant l’entrée sur la pelouse, la chaleur des contacts avec « mes petits ». Tout cet amour, car c’est de cela qu’il s’agit, a été le liant qui nous a permis de grandir et de devenir ce que nous sommes.
Pourtant le meilleur aura été ma rencontre avec un homme exceptionnel et l’amitié qui nous unie aujourd’hui. Si j’ai pu exercer mon mandat durant toutes ces années c’est à Didier Meynard que je le dois. J’aimais le rugby à XIII depuis mon enfance. Lui, me l’a fait aimer en conscience en m’initiant, comme on apprend à lire, à ce qui fait la beauté unique de ce sport. C’est un technicien de haut niveau resté hélas dans l’ombre. Le mal du treize n’est-il pas d’ailleurs de ne pas savoir repérer les vrais valeurs ? Cela n’aura pas été mon cas. Tant mieux pour moi et les Geckos. Sa droiture, sa rigueur, sa véhémence parfois, ont éclairé toutes mes décisions. Je peux le dire, il est devenu mon ami au sens le plus noble du terme. Je souhaite que cette amitié perdure car nous avons tant encore à échanger.
Le mot de la fin ?
Je souhaite longue vie à ce club. Dans un village qui n’avait jamais connu que des feux de paille au plan sportif nous avons apporté la preuve que construire du pérenne était possible. Il me reste encore un peu d’énergie et de lucidité pour aider mes amis dans la poursuite d’une nouvelle aventure.
Merci
trés bonne analyse ,d’une grande dame de terrain.trés bon discours,qui sent la présidente de terrain,comme il y a n’à a treize.bonne préretraite chére Présidente.jean. chaput