Benjamin Casty : « Une fierté mais pas un aboutissement »
Alors qu’il va officier lors de la deuxième journée de l’Euro pour le match Pays de Galles – Ecosse, nous avons rencontré Benjamin Casty, arbitre français, qui revient sur sa saison et évoque l’arbitrage français en général.
Benjamin, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis sapeur-pompier professionnel sur la commune de Narbonne, je suis marié et j’ai deux enfants. Je suis dans le rugby depuis tout petit et j’arbitre depuis 2008.
Comment sont nées ces vocations pour l’arbitrage et pour le XIII ?
Le rugby à XIII, je suis tombé dedans quand j’étais petit, c’est de famille. Pour l’arbitrage, quand j’ai fini ma carrière de joueur, je voulais rester dans le rugby donc j’avais deux solutions, entraîneur ou arbitre. J’ai entraîné un peu mais j’ai toujours été tenté par l’arbitrage donc je suis parti dans cette voie.
Tu as été désigné pour arbitrer un match de cet Euro, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
C’est une fierté mais ce n’est pas un aboutissement. C’est une récompense pour le travail que j’ai effectué depuis 10 ans que j’arbitre.
Ce serait quoi l’aboutissement du coup ?
C’est de continuer à arbitrer des matchs de haut niveau pour aller à la prochaine Coupe du monde. C’est la ligne de mire et cela passe par ce match-là. Il faut que je fasse une bonne performance pour avoir un espoir d’y participer. Et puis si je fais une bonne performance, cela montrera qu’il y a de la qualité et ça peut ouvrir des portes à d’autres arbitres français.
Tu as aussi officié lors de la finale de l’Euro U19 en Serbie, qu’as-tu gardé de cette expérience ?
J’ai la tête pleine d’étoiles quand je repense à ces 10 jours passés à Belgrade en Serbie. J’étais accompagné d’autres arbitres qui venaient de partout en Europe, même un du Liban et il y avait aussi Mohamed Drizza à qui je dois beaucoup pour mes nominations internationales.
On était considéré comme des arbitres professionnels pendant cette compétition et cela c’est du velours. Arbitrer une finale, c’est comme pour les joueurs qui veulent la jouer, on bosse pour cela, c’est l’aboutissement d’une compétition. J’espère que tous les arbitres rêvent de faire une finale et bossent dur pour cela. J’étais fier de porter les couleurs françaises de l’arbitrage pour ce match. Et il faut aussi savoir que c’est Mohamed Drizza qui a arbitré le match pour la 3ème place.
Est-ce qu’arbitrer la France contre une autre nation n’est pas un problème pour toi ?
Au premier abord, c’était un peu gênant vis-à-vis des Anglais et des autres arbitres. Mais il faut savoir que j’avais deux arbitres anglais à la touche, cela équilibrait un peu la balance. Mais c’est vrai que cela met un peu de pression car on a pas le droit à l’erreur, si on se trompe et que l’on fait pencher le match, les gens peuvent penser qu’on l’a fait volontairement.
Par contre le jour de la finale j’avais une équipe A contre une équipe B, il n’était plus question d’équipe de France ou quoi que ce soit car c’est mon devoir d’arbitrer la France comme n’importe quelle équipe.
L’Elite 2 a repris, plusieurs joueurs et clubs se sont plaints des nouvelles règles/directives, peux-tu les expliquer brièvement et leurs utilités ?
C’est de talonner le ballon correctement, c’est à dire qu’il doit être touché avec le pied. C’est une règle de base et c’est ce qui fait la différence de notre rugby à XIII, le tenu puis le talonnage. Quand j’ai débuté le rugby, on m’a toujours appris à faire ça et c’était devenu n’importe quoi à ce niveau-là donc on revient aux bases. Les clubs ont râlé la première journée mais ils ont déjà pris le pli et c’est beaucoup plus agréable de regarder un match de rugby à XIII avec le tenu talonné que ce qu’on pouvait voir ses dernières années.
Comment juges-tu l’évolution de l’arbitrage en France ces dernières années ? À quel niveau places-tu l’arbitrage français par rapport à celui anglais ?
L’arbitrage français est vraiment sur une pente ascendante, on bosse dur pour progresser et élever notre niveau. Je pense qu’on arrive à prouver qu’en étant amateur, on arrive à avoir un bon niveau. Et par rapport aux Anglais, on va pouvoir en juger avec ce match de l’Euro car je suis le seul amateur qui va participer, tous les autres arbitres sont des professionnels qui évoluent en Super League. Il risque d’y avoir une différence car eux, en étant professionnel, travaillent tous les jours alors que nous ne pouvons pas en faire autant en étant amateur. Mais l’arbitrage français n’a selon moi pas à rougir vis-à-vis des professionnels de Super League, je ne parle pas de la NRL.
On sait ce qui t’es arrivé il y a un an et demi, te sens-tu en sécurité aujourd’hui quand tu arbitres ?
Oui je suis en sécurité, ce qui s’est passé est un cas isolé, exceptionnel, rarissime. J’espère qu’on ne le reverra plus mais vraiment je ne me sens pas en danger sur un terrain. Il y a toujours de l’animosité qui vient du public mais ça on est habitué, on se fait traiter de tous les noms, il faut faire avec.