
Audrey Zitter, le rugby à XIII Féminin progresse
Nous avons rencontré Audrey Zitter, cadre technique à la FFR XIII, pour faire un point sur la situation du XIII féminin en France.
Audrey, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 36 ans, je suis maman de 3 enfants et mariée à Frédéric Zitter. Je suis professeur de sport à la DRJSCS Occitanie à Montpellier, placée auprès de la Fédération Française de Rugby à XIII.
Je joue toujours au rugby à XIII mais en Loisir à Montpellier XIII et je pratique le CrossFit à Fabrègues, dans la salle de mon mari (Ostal CrossFit La Gardiole).
Quel est votre parcours dans le XIII jusqu’à devenir Cadre Technique National ?
Le rugby à XIII est une passion familiale qui m’a été transmise par mon père, André Janzac.
J’ai joué au rugby à XIII toute petite à l’Ecole de Rugby d’Ayguesvives XIII. Après un parcours sportif varié, je suis revenue à la pratique rugby à XIII en 2000 au club de Toulouse Ovalie, jusqu’en 2005. J’ai obtenu mes BEES 1er et 2ème degrés de rugby à XIII en 2001 et 2006.
En 2009, alors que j’étais Conseillère d’Animation Sportive à Lyon, un poste de Cadre Technique de rugby à XIII s’est libéré et le président de la FFRXIII de l’époque m’a proposé de postuler. J’ai tout de suite accepté, j’ai alors été mutée à Montpellier.
Vous avez été la première femme à entraîner une équipe masculine de haut niveau, qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
J’ai entraîné l’équipe Elite 2 de Montpellier XIII pendant 3 ans et ça a été une expérience très enrichissante. Être entraîneur, ça prend du temps et beaucoup d’énergie, c’est parfois difficile mais tellement passionnant. J’ai dû faire des choix et des concessions pour entraîner, mais j’avais réussi à trouver un équilibre entre ma fonction d’entraîneur, mon travail et ma vie de famille, j’ai même entraîné pendant que j’étais enceinte de mon troisième enfant !
Humainement, j’ai vécu des choses intéressantes. Comme pour tous les entraîneurs, il y a eu des hauts et des bas, mais j’ai tiré des leçons de toutes les expériences vécues. Je regrette simplement le manque de bienveillance des dirigeants.
Quelles sont les spécificités du XIII féminin ?
La spécificité du XIII féminin est que les jeunes filles et les femmes doivent se faire une place dans un milieu historiquement construit par et pour les hommes !
Quelle est la situation du XIII féminin en France ? Combien de clubs ? Combien de licenciées ?
Depuis dix ans, le nombre de licences féminines ne cesse d’augmenter (à ce jour, 707 licences Compétition, toutes catégories confondues, et 126 licences Loisir). Cette saison, il y a 25 équipes engagées en compétition : 5 en Elite, 14 en Division Nationale et 6 en Minimes-Cadettes. Je suis assez optimiste sur l’évolution du XIII Féminin en France. Certes le nombre d’équipe en Elite n’est pas suffisant, mais j’espère sincèrement que sur les 14 équipes de DN, certaines pourront passer à l’étage supérieur l’année prochaine, en tout cas la commission Nationale des Féminines devra y travailler.
La précédente fédération avait décidé d’obliger les clubs d’Elite à avoir une équipe féminine via des points de pénalité. Pensez-vous que cette action était une bonne solution ?
Ce n’était pas une solution, ni LA solution, mais c’était une action qui avait le mérite d’être mise en place. Par contre, comme toutes les actions mises en œuvre, il faut en évaluer les résultats pour savoir si c’est efficace donc pertinent, et je ne sais pas si cela a été fait. Si la volonté de la FFRXIII est de développer la pratique féminine, alors oui il faut mettre en place des actions concrètes, on ne peut pas simplement « inciter à » ou espérer que les choses se feront naturellement car ça ne sera pas suffisant.
L’équipe de France n’a pas pu participer à la dernière Coupe du monde en Australie faute de moyens, pensez-vous que cela ait pu être un frein au développement de la pratique ? Des dispositions ont-elles été prises au niveau fédéral pour que cette situation ne se reproduise plus ?
Oui, je le pense. L’Equipe de France est une vitrine nécessaire au développement de n’importe quel sport, féminin ou masculin.
A ce jour, il y a des pistes pour développer les échanges internationaux pour l’Equipe de France Féminine, maintenant il va falloir les concrétiser.
Personnellement, mon objectif est que l’Equipe de France Féminine participe à la prochaine Coupe du monde en 2021 en Angleterre.
Quelles sont les pistes de développement en France du XIII féminin ?
La Commission Nationale des Féminines a été renouvelée dans son intégralité en ce début de saison et sa présidente, Delphine LACOSTE, vient d’être récemment élue au sein du Comité Directeur de la FFRXIII. Le rôle de cette commission va être de proposer des actions concrètes à mettre en place pour développer le XIII Féminin, tant au niveau du nombre de licenciées et d’équipes, que du haut niveau.
Lors de la dernière CNF du mois de janvier, à laquelle nous avions invité tous les clubs féminins, quelques pistes ont été abordées telles que l’attractivité du championnat (bilan et pistes d’amélioration pour le Challenge à IX du début de saison), l’aide à la structuration des clubs, la formation des entraîneurs, un processus de sélection pour l’Equipe de France plus large, un match des Provinces d’Origine, un projet des Ambassadrices du rugby à XIII…
Une sélection française va affronter l’Italie, que peut-on attendre de cette rencontre ?
Le 24 février prochain à Toulon, l’équipe France Est (sélection des clubs de l’Est : LVR13, XIII Provençal, Marseille XIII Avenir et Montpellier XIII) va affronter l’équipe d’Italie. Ce match va permettre à certaines joueuses de vivre une expérience inédite et j’espère que quelques unes d’entre elles vont sortir du lot. De plus, ce match nous permettra d’évaluer le niveau de l’équipe d’Italie et voir si elle peut devenir un adversaire potentiel pour l’Equipe de France.