Patrice Rodriguez : « Déçu de ne pas avoir pu finir ma mission »
Alors qu’il vient de quitter son poste de DTN au sein de la fédération française de rugby à XIII, nous avons rencontré Patrice Rodriguez pour parler de son choix et de son futur poste.
Patrice, pouvez-vous présenter en quelques mots ?
J’ai 47 ans, je suis né à Carpentras et j’ai pris ma première licence de rugby à XIII à 5 ans et demi à Salon de Provence. J’ai été international Espoirs, universitaire et France A. J’ai joué essentiellement sur Salon, Carpentras et Marseille.
Pourquoi avoir pris cette décision de quitter votre poste de DTN ?
Avant de répondre à cette question, je veux rappeler que je clôture 22 ans de carrière professionnelle au sein de ma passion, le rugby à XIII (4 ans d’agent de développement, 16 ans de CTR/responsable de Pôle et 2 ans de DTN).
Nous avons récupéré l’été 2016 une fédération en cessation de paiement avec un fort déficit, il a fallu restructurer toute l’organisation fédérale (licenciements économiques notamment). Cela a entraîné des grosses difficultés de fonctionnement… Certains élus, les cadres d’Etat et moi-même sommes devenus de véritables couteaux suisses. De plus, cette situation a entraîné de nombreux conflits souvent humains. Je me suis démultiplié sans compter mais je n’ai pu à la fin réguler tous ces problèmes. En suivant, j’ai eu des soucis de santé. Je suis un affectif, je prends tout à cœur et cela me rongeait de voir que le treiziste est nombriliste et qu’il est presque impossible de faire marcher toutes ses forces, la main dans la main vers le même objectif de développement dans l’intérêt général. Donc à ma grande déception, j’ai dû me rendre à l’évidence de partir car j’étais dans une impasse.
Vous partez vers un nouvel horizon avec la pétanque, un nouveau challenge pour vous ?
Oui ! Je deviens DTN adjoint en charge du projet de professionnalisation en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024 (créer et diriger 16 cadres techniques fédéraux sur les 13 ligues). En plus de cette création et gestion de DRH, je vais faire partie du comité de pilotage pour la création d’un centre national où pourront se faire toutes nos formations, nos stages des Équipes de France et même des compétitions.
Malgré les reproches et les critiques faites souvent aux cadres, les départs conjugués de Thierry Dumaine à l’INSEP et de moi-même démontrent qu’il y a des compétences au sein de notre discipline.
Quel bilan faites-vous de votre passage comme DTN à la FFR XIII ?
D’abord je veux bien dire que je ne pars pas aigri mais déçu de ne pas avoir pu finir ma mission.
Dans un contexte financier et administratif compliqué, je pense que la DTN et moi-même avons fait du mieux possible :
– Excellents résultats des équipes de France jeunes en 2017. C’est dû à l’énorme travail fait dans les clubs formateurs, les Pôles et les staffs de ces équipes !
– Restructuration de toute la formation avec la mise en place de la FOAD et une uniformisation des contenus et des interventions.
– Création d’un livret de compétences à l’attention des éducateurs et création d’un livret d’accueil destiné aux familles (ils devraient être imprimés à la rentrée).
– Réussite sportive et organisationnelle de la Coupe du monde de Rugby à XIII Fauteuil et la mise en place sur le championnat d’une classification qui fait ses preuves.
– J’ai dû faire personnellement un fort travail en relation avec le Ministère pour la réécriture de la nouvelle convention d’objectifs (obtention d’une augmentation de 4%). Ce travail va permettre la mise en place de conventions d’objectifs territoriales entre la fédération, les ligues et les comités pour accélérer notre développement.
– Un point négatif : le changement d’âges des catégories qui aurait dû être plus réfléchi avant sa mise en place.
Je n’étais évidemment pas tout seul et je tiens à remercier les élus et les Cadres d’Etat qui m’ont accompagné dans ces projets. J’ai essayé avec ma personnalité, mon management collaboratif et participatif de mettre du sens dans le projet et les actions fédérales.
Il y a eu les épisodes des championnats de France Elite 1 et féminin ou encore celui des U19 des Dragons qui ont du être compliqué à gérer pour vous ?
Oui cela fait partie des conflits et des divergences que j’ai évoqué. Nous devions par exemple créer un Pôle France en collaboration avec les Dragons U19 (nouveaux critères de structures de haut niveau du Ministère) et le projet est tombé à l’eau…
Je suis le premier heureux de la victoire en Cup des Dragons. Par contre je ne peux accepter que l’on fasse passer le message négatif que la fédération ne forme pas de joueur. Pour rappel le jour de la finale, sur les 17 joueurs, en plus des 8 étrangers, il y avait 3 audois, 5 provençaux et un franco-australien.
Rien n’est simple en rugby à XIII.
Pensez-vous que les Dragons et la fédération ne devraient pas travailler encore plus main dans la main pour faire avancer le XIII en France ?
Il est difficile d’accorder deux structures qui n’ont pas les mêmes objectifs. Les Dragons doivent en premier lieu performer dans un championnat étranger qui n’est pas sur le rythme français. La Fédération a l’obligation de penser au développement de tout le rugby français.
Les objectifs sont presque incompatibles mais oui il faut travailler ensemble (Fédération, Dragons, TO, clubs d’Elite, Écoles de Rugby, ligues et comités) dans un seul objectif, notre développement ! Cela passera par une équipe de France forte !
L’idée de Bernard Guasch et des états généraux, qu’en pensez-vous ?
Le thème des états généraux est le tonneau des danaïdes… On en parle mais on ne fait pas. sûrement qu’il faut un état des lieux de notre discipline pour pouvoir construire mais pourquoi faire, avec qui et avec quels moyens ? Vous avez dans cette interview quelques pistes de réponses.
Je souhaite vraiment la réussite des projets fédéraux et de la Direction Technique Nationale.