La Super League à un tournant

Edito. Arrêt de la compétition rime avec réflexion. 26 ans après sa création, la Super League arrive à un tournant. Elle ne devra pas le rater, sous peine de connaître des heures difficiles.

Compétition numéro 1 dans l’hémisphère nord, la Super League accuse un retard de plus en plus élevé face à la NRL. Pourtant ce n’était pas le cas il y a encore pas si longtemps … Mais que faire pour le résorber ? Voici quelques pistes :

Réussir la prochaine négociation sur les droits TV

C’est la base de tout. L’argent et la visibilité sont le nerf de la guerre. Et la Super League souffre d’un gros déficit dans ce domaine par rapport à la NRL. En cause, des droits TV qui rapportent moins, et des matchs pas tous diffusés. L’équipe en place ne devra absolument pas se manquer lors des prochaines discussions et obtenir un accord rapportant un maximum d’argent et de visibilité. Sans ça, le retard va encore se creuser, et risque de devenir irrattrapable.

Réussir l’expansion

Comme l’a dit Eric Perez, il faut apprendre de la réussite et des erreurs de Toronto. La réussite sportive du Wolfpack est indéniable mais des erreurs largement évitables ont été commises. Pour une expansion réussie, la RFL doit imposer des critères stricts à Ottawa, New York, et tous ceux qui pourraient être tentés de rejoindre la Super League. Obligations de structures, de moyens déployés pour la formation, de revenus de sponsoring, de place faite aux locaux … Les moyens d’action sont nombreux. Mais l’expansion ne peut pas uniquement  reposer sur les épaules de riches mécènes, comme on le voit à Toronto. Car le jour où ces épaules lâcheront, on courra à la catastrophe.

Retenir les meilleurs joueurs

Le départ de George Williams a fait couler beaucoup d’encre en Angleterre. Véritable star des Wigan Warriors qui en avaient fait un « marquee player », Williams devait être le prochain leader de Wigan, comme l’a été Sean O’Loughlin. Mais courant 2019, Williams fait le forcing et obtient un départ, direction l’Australie et Canberra. Ce départ est symbolique d’un changement d’époque. Il y a 15 ans, les stars ne partaient pas. Les Sinfield, Peacock, McGuire, O’Loughlin … Ils sont tous restés en Super League. Même les premiers à être allés en NRL (Adrian Morley et Gareth Ellis), sont rentrés en Angleterre, malgré de belles réussites là-bas. Oui mais voila, à l’époque, les contextes financiers et sportifs n’étaient pas les mêmes … Là où la NRL a réussi à augmenter significativement son niveau sportif, et à obtenir de nouveaux revenus, la Super League s’est endormie sur ses lauriers …

Garder les joueurs est un point vital. Mais il ne pourra pas se faire sans réussite au  niveau des droits TV. Sans challenges sportif et financier excitants, la jeune génération qui arrive (Jack Walker, Jake Trueman, Mikolaj Oledzki, Harry Newman …) suivra la trace de leurs aînés Williams, Bateman et Sutton, et quitteront eux aussi le navire. La Super League a un besoin urgent de se créer de nouvelles stars qui resteront, et seront la face de la compagnie pour les 10 ou 15 prochaines années.

Voir émerger de nouveaux prétendants

En 24 éditions de la Super League, seuls 4 clubs ont décroché la timbale : Leeds, Wigan, St Helens et Bradford. Bradford ayant disparu du top niveau, le titre de champion est devenu la chasse gardée du « Big 3 ». Et ça fait 15 ans que ça dure ! Je n’ai aucune hostilité particulière à l’égard de ces 3 clubs, mais pour paraphraser le grand Sir Alex Ferguson, « quelqu’un doit les faire tomber de leur p*tain de piédestal ».  La Super League a besoin d’un courant d’air frais. À Warrington, Hull FC, Castleford, les Dragons et consorts de venir l’apporter.

Aujourd’hui, la situation n’est pas encore critique. Mais elle pourrait vite le devenir si la Super League ne relève pas correctement les défis énoncés plus haut. La tache sera dure. Mais pas impossible…

Idriss Ahamada