Tour d’horizon avec Christophe Jouffret (2/2) : 2019 à la loupe, recrutement et le nouveau modèle de la Super League
Christophe Jouffret nous a accordé un long entretien pour faire un tour d’horizon global entre la saison 2018 qui a vu les Dragons remportés la Cup et 2019 qui se profile déjà. Pour la deuxième partie on se projette sur 2019, entre recrues et objectifs, et on évoque la nouvelle formule de la Super League.
World Cup Challenge
C’est uniquement le vainqueur de la Super League qui jouera le World Cup Challenge. L’an dernier Hull et Wigan ont joué en Australie en préparation de leurs matchs de Super League. C’étaient des matchs délocalisés mais seul Leeds a joué le WCC .
Match au Camp Nou face à Wigan
Depuis notre déjeuner avec Josep Maria Bertomeu, Delfi Geli et Bernard Guasch, nous discutons pour organiser ce match. C’est lors de ce repas que le président Bartomeu nous a proposé de jouer à Camp Nou alors que notre première idée était plutôt de retourner jouer au Stade Olympique de Barcelone. C’est vraiment venu de sa part, ce n’est pas une requête que l’on a fait. Wigan nous a donné son accord pour jouer un match à Barcelone donc il ne nous reste plus qu’à trouver la bonne date avec le club du FC Barcelone.
Matty Smith, un recrutement qui fait débat
C’est un choix du coach et jusqu’à présent il ne s’est pas vraiment trompé. Matty Smith a une histoire particulière avec Steve qui l’a entrainé quand il était sélectionneur anglais, il connaît sa valeur, son tempérament et son intelligence de jeu. Sachant que quand on recrute un meneur de jeu, on a besoin de quelqu’un d’expérience qui va réussir à entrer dans le sytème de jeu déjà en place.
Pour répondre à ceux qui sont dubitatifs, s’il avait joué toute l’année à son âge, on aurait dit qu’il était cramé donc cela peut être un avantage qu’il ait peu joué, avec une grosse pré-saison et son expérience il peut devenir le pivot de l’équipe.
Et puis il rentre dans la Wigan Connection, car cette année on va avoir une colonne vertébrale cherry and white avec McIlorum au talon, Smith à la charnière, Tomkins à l’arrière et même Tierney à l’aile. Ils ont gagné des titres ensemble, ils connaissent le coach donc ça sera sûrement un plus pour notre effectif de 2019.
L’avant anglais, Matt Whitley ?
Il fait partie des pistes, c’est le profil de joueur que l’on recherche mais rien n’est signé encore. C’est un très bon joueur anglais qui ne prend pas de place dans le quota et qui peut évoluer à beaucoup de postes à l’avant. Il fait partie de ceux en pole position pour être recruté aux Dragons Catalans.
L’ailier en provenance de NRL ?
Les pistes sont plus floues pour l’ailier, l’étau est moins resserré que pour l’avant. Sio fait partie des pistes mais il y en a d’autres et surtout les pistes les plus sérieuses on ne peut pas en parler car les joueurs sont sous contrat ou en contact avec d’autres clubs. Le recrutement est une négociation qui, pour qu’elle soit le plus rentable possible, doit se faire dans la discrétion.
Objectif sportif pour 2019
Quand on a gagné la Cup, pour l’année suivante on vise au moins mieux. La Super League est une compétition délicate mais un objectif raisonnable serait de dire qu’on vise le top 5 pour jouer les phases finales.
Objectifs de développement
On a aussi des objectifs autres que sportifs, ça fait 13 ans qu’on est dans cette ligue, on a gagné notre premier trophée donc le club doit continuer à se développer. On est très fort en commercial local, on a beaucoup de partenaires locaux et des espaces réceptifs qui sont pleins à craquer, tout ça on est au top et on a rien à envier aux Anglais. Sur ce point là, on veut viser le maintien car on est déjà largement au-dessus de la moyenne de ce qui se fait en Super League.
Par contre ce que l’on doit développer, ce sont les partenariats autres que locaux et c’est l’objet de l’accord qu’on a passé avec la BPI. Demain (mercredi) on participe à un gros salon organisé par la BPI, « Inno Génération » qui doit nous permettre d’être mis en relation avec des partenaires nationaux qui sont intéressés par l’image de notre club qui peut véhiculer celle de leur entreprise en Angleterre. C’est le début d’une belle collaboration avec la BPI.
On a aussi un gros travail sur la community, on veut vraiment faire partie du tissu social de la région, c’est à dire travailler avec les écoles, avec la jeunesse, avec la vieillesse, les hôpitaux, les handicapés, on veut proposer un rayon de soleil, une activité à l’ensemble de notre département et de notre région. On a embauché une personne pour travailler sur cette thématique.
Une Super League à 12 et 29 matchs plutôt qu’à 14 et 27 matchs
Dans le sport business tout est dicté par l’argent et les engagements financiers. Aujourd’hui il y a un contrat avec Sky jusqu’en 2020 et il y aura une nouvelle discussion en 2021. Le but est d’arriver à la table des négociations avec une compétition qui se soit développée dans le sens de la compétitivité et du spectacle proposé. La nouvelle formule est une solution transitoire, en 2021, en fonction des négociations qu’il y aura eu avec les chaînes de télévisions, la compétition pourrait basculer à 14.
En passant à 14, l’argent versé par les télévisions est divisé en deux parts de plus donc les parts de gâteau de chaque club auraient diminué, c’est pour cela que l’on attend la nouvelle négociation en 2021.
Ensuite il faut réfléchir à quels clubs seront capables d’intégrer la compétition. Il y a deux favoris, qui ont raté le coche cette année : Toulouse et Toronto. Évidemment en tant que Français, Toulouse serait une bonne chose, un derby, un plus grand vivier de joueurs pour l’équipe de France et plus d’informations pour les médias français. Et il y aussi Toronto avec ce que ça peut générer comme développement en Amérique du Nord.
Moi en tant que non-britannique, je serais pour un passage à 14 avec deux nouveaux clubs qui ne sont pas Anglais : Toronto et Toulouse. Mais pour cela il faut trouver de l’argent supplémentaire par les négociations avec les télévisions anglaise, canadienne et française.