Ben Hunt, le coupable idéal
Suite à la défaite dans le match 2 des State of Origin, synonyme de perte de la série, Ben Hunt collectionne les mauvaises notes et les critiques dans la presse spécialisée. Actuellement sur un nuage avec son club, il a, comme d’autres avant lui, buté sur l’obstacle State of. Mérite-t-il vraiment le courroux qui s’abat sur lui ? Retour sur une carrière à la trajectoire sinusoïdale.
Les débuts
Il signe avec les Broncos à 18 ans, et débute en Toyota Cup. Hunt n’attend pas pour montrer sa valeur et est élu meilleur joueur de la compétition cette saison là. En 2009 il joue deux matchs en NRL et en 2010, il fait partie intégrante du squad NRL et participe à 20 matchs, la plupart en sortie de banc pour assurer au poste de talonneur. Malgré toutes ses qualités et son talent, il faudra attendre fin 2013 pour qu’il soit enfin installé titulaire en demi de mêlée.
2014 et 2015 feront enfin de Hunt un joueur majeur de la ligue. Il termine 4ème au vote du meilleur joueur en 2014, passe à deux doigts (blessure de DCE) de jouer son premier State, et est sélectionné avec les Kangourous. Tout va bien pour Ben, et sa superbe saison permet d’emmener les Broncos en finale en 2015 face aux Cowboys de Jonathan Thurston.
Le premier craquage
77ème minute de la grande finale, les Broncos mènent 16-12. Hunt a été plutôt bon, comme d’habitude, mais les quelques minutes qui vont suivre vont être cauchemardesques. Mêlée pour les Cowboys sur leur 20m, tout le terrain à remonter, Ben Hunt effectue alors un placage dangereux (joueur retourné) au premier tenu, totalement inutile, permettant à JT et ses coéquipiers de remonter le terrain.
Heureusement pour Hunt, l’action ne donne rien. Brisbane remonte tranquillement le terrain et Milford réussit même à percer, ramenant la balle dans le camp adverse, Ben hérite de la gonfle mais, désinvolte, il laisse Kyle Feldt lui subtiliser en tapant dessus. Le reste est à mettre au crédit des Cowboys et de Michael Morgan qui envoie Feldt (encore lui), égaliser. Encore un sursis pour « Ben boulette » puisque JT retarde son entrée dans la légende en envoyant la transformation en coin sur le poteau.
Puis, craquage dans le craquage, sur le coup d’envoi de la prolongation, Ben Hunt, tout seul, les yeux sur le ballon, les mains en position… fait un en-avant. Coup d’envoi donné par Kyle Feldt (toujours lui), qui avait dû faire du vaudou sur une petite poupée « Ben Hunt » la veille. En tout cas, on ne la fait pas deux fois à Thurston qui cette fois ne passe pas à côté de l’occasion de faire gagner son équipe et claque le drop, mythique.
Le rebond
Le mieux pour rebondir, c’est de toucher le fond, Ben Hunt le sait et se dit qu’une petite sortie au bar entre amis du Queensland Emerging squad (les probables futurs Maroons) est une bonne idée et il se fait suspendre d’une possible sélection pour 12 mois. Chez les Broncos il joue la totalité d’une saison 2016 correcte dans laquelle ils retrouvent les Cowboys en demi-finale. Le résultat est le même, une victoire des Cowboys et Thurston, qui envoie Morgan dans l’en-but, en prolongation. Rien à signaler de spécial pour Ben Hunt, si ce n’est un petit coup au moral quand même peut-être, ce serait compréhensible.
A l’orée de la saison 2017, Hunt choisit de signer un contrat avec les Dragons de St George-Illawarra pour l’année suivante. La saison débute normalement, mais Ben se blesse rapidement et son remplaçant Nikorima est très bon pendant son absence. Wayne Bennett n’hésite donc pas à envoyer son « chat noir » en réserve. Il fera son retour peu à peu, baladé entre le banc de touche et le poste de talonneur essentiellement.
Sous ses nouvelles couleurs, avec un paquet d’avant performant, un nouvel entraîneur et un Widdop de gala à ses côtés, Ben Hunt retrouve son jeu et les Dragons tiennent la tête du championnat depuis le round 1, sans trembler, avec une grande maîtrise. Belle réaction Ben.
Le deuxième craquage
C’est logiquement, qu’il est sélectionné à la mêlée pour la série des State of Origin. Dans la première défaite, il n’est ni catastrophique, ni brillant, avec quand même un jeu au pied intéressant (une passe décisive et une 40/20). C’est logiquement qu’on attend plus de lui pour le match 2. Malheureusement ce fût moins bien, nettement moins bien. C’est lui qui fait la faute sur Boyd Cordner qui conduit à un essai de pénalité. Il a été incapable d’orienter le jeu sur le côté des Blues qui était affaibli par l’expulsion temporaire de James Roberts. Et pire, pendant cette période, alors qu’ils étaient dans le camp adverse, son coup de pied mal dosé est sorti en ballon mort … au tenu 3. Ben ne tient pas la pression ? Déjà vu ?
Le Mitchell Pearce du Queensland ?
Il n’a pas fallu longtemps pour que journalistes, anciens joueurs et autres sites spécialisés se déchaînent contre Ben, et réclament son éviction de l’équipe pour le troisième match. D’autres ont pris le contre pied, trouvant les mises au pilori un peu trop hâtives. Le cas Mitchell Pearce, dont la qualité en club n’a jamais été remise en question mais toujours incapable d’élever son niveau sur les State of Origin, et le passé de Ben Hunt donnent plutôt raison à ses détracteurs. Quelle que soit la décision de Kevin Walters pour le dernier match, ce sont le staff, les joueurs et les fans des Dragons qui doivent trembler en ce moment, se demandant dans quel état ils vont retrouver leur joueur vedette.
Julien Castagnet